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Dans l’univers de la désinformation qu’observent l’Agence Science-Presse et son Détecteur de rumeurs, il y a un agent perturbateur dont on parle beaucoup, mais qui ne s’est pourtant pas plus matérialisé cette année que l’an dernier : le deepfake, ou la capacité à mettre dans la bouche des gens, sur vidéo, des mots qu’ils n’ont jamais prononcés.

De fait, 2018 n’a pas été l’année du deepfake, et 2019 ne le sera probablement pas non plus. Selon Claire Wardle, directrice de l’organisme américain First Draft, un autre observateur de cet univers, nous serions encore à environ quatre ans du niveau de qualité qui pourrait vraiment causer du tort, et en parallèle, on assiste depuis au moins deux ans à une course aux armements entre les promoteurs du deepfake et les développeurs de technologies capables de détecter des vidéos « modifiées ».

Déjà, lors du congrès 2018 de l’International Fact-Checking Network (IFCN), la bonne nouvelle avait été que l’impact des vidéos truquées reste encore à prouver. Parce que jusqu’ici, le montage vidéo laisse des traces qui ne peuvent pas échapper à l'intelligence artificielle, comme un collage saccadé d'images, un mouvement des lèvres incohérent ou une désynchronisation entre les mots et les lèvres (comme dans un doublage). Les traces peuvent même se trouver dans le texte lu : quantité anormale de phrases ultra-courtes, d’interjections, etc.

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Claire Wardle voit pour sa part beaucoup plus de raisons de s’inquiéter, en 2019, des grands classiques : les textes et photos jonglant avec les peurs primaires des gens — la peur de l’immigration, par exemple — les sophismes et les fausses équivalences.

Une autre limite du deepfake, note l’auteur Tim Hwang sur le site de l’IFCN, est qu’ils ont besoin d’une très grande quantité de vidéos d’une personne pour produire des faussetés qui aient l’air crédibles. Ça pourrait en limiter l’usage aux politiciens et encore, uniquement aux plus médiatisés d’entre eux. Pour l’instant, les gens qui naviguent en science n’ont rien à craindre…

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