Trump-2016

Si les adolescents sont facilement influençables, qu’en est-il de l’influence d’un personnage hyper-médiatisé comme Trump ? Deux chercheurs viennent de publier des résultats inquiétants sur le harcèlement et les insultes à l’école, avant et après la dernière élection américaine.

Si on compare, écrivent-ils, les comtés de l’État de Virginie qui n’ont pas voté pour Trump avec ceux qui ont voté pour lui, on sent entre 2015 (un an avant l’élection) et 2017 (un an après) une nette augmentation, uniquement dans ces derniers comtés, du nombre de jeunes qui se moquent des autres pour leur appartenance ethnique.

Francis Huang, professeur de statistiques et Dewey Cornell, professeur de didactique, sont prompts à souligner que leur étude ne peut conclure à un lien de cause à effet. Mais la corrélation est néanmoins forte : en 2017, les adolescents rapportant avoir été victimes de harcèlement ou autres tactiques vexatoires étaient 18 % plus nombreux dans les communautés ayant voté pour Donald Trump que dans celles ayant voté pour Hillary Clinton. Les cas de harcèlement basés sur l’appartenance ethnique étaient à eux seuls 9 % plus nombreux. En comparaison, en 2013 et en 2015, on ne notait pas de telle différence entre les comtés démocrates et républicains.

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Commentant dans le New York Times, la chroniqueuse Michelle Goldberg écrit que « il n’est pas difficile d’imaginer que les enfants qui passent leur temps auprès de gens enthousiasmés par Trump puissent recevoir comme message que de s’attaquer aux minorités ethniques, c’est correct ».

Selon les deux auteurs, leur étude serait la première à aller au-delà des nombreuses anecdotes alarmantes qui avaient circulé pendant la campagne électorale et après, en provenance des quatre coins des États-Unis : par exemple, ces deux étudiants criant « White power » dans les corridors d’une école secondaire de Pennsylvanie ; ou ces étudiants du Kansas en harcelant d’autres avec des phrases telles que « Trump a gagné, vous retournez au Mexique ! ».

Les résultats s’appuient sur un questionnaire standard envoyé tous les deux ans dans toutes les écoles, et qui comporte entre autres des questions sur le harcèlement. Les chercheurs ont ainsi pu analyser 155 000 réponses d’élèves de 7e et 8e années.

Commentant l’étude dans le magazine Education Week, le professeur de psychologie et d’éducation à l’Université Columbia Jonathan Cohen, rappelle que « les décideurs influencent les normes sociales » et que « bien que le fait de harceler une personne soit un acte individuel ou de groupe, c’est aussi un processus social » :

Il y a pratiquement toujours des témoins qui voient ou entendent ces comportements irrespectueux ou mesquins, et les normes sociales façonnent ce que les jeunes, les enseignants et les autres adultes, vont passivement accepter. — Jonathan Cohen

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