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Il y a une vingtaine d’années, les chercheurs commençaient à découvrir que les chimpanzés avaient des « cultures » différentes suivant le groupe auquel ils appartenaient. Aujourd’hui, les chercheurs commencent à découvrir que ces différences s’effacent à cause des humains.

Ce qu’ils entendent par « culture » réfère à toutes les pratiques qui sont transmises de la mère à l’enfant — et non celles qui sont acquises dès la naissance — et qui, en plus, sont transmises d’une façon différente d’un groupe à l’autre. Par exemple, certains groupes de chimpanzés utilisent un type particulier de bâton pour aller chercher du miel, tandis que d’autres utilisent le même type de bâton que pour aller chercher des fourmis. Certains attirent l’attention de leurs congénères en frappant des branches avec leurs poings, d’autres déchirent les feuilles avec leurs dents. En 1999, une recherche avait ainsi identifié 39 « traditions » transmises dans une communauté, mais pas dans les autres.

Aujourd’hui, une nouvelle équipe conclut, en se basant sur des observations de 144 « communautés » en cours depuis 2010, que ces « traditions » tendent à s’éroder à cause de la proximité des humains. Dans leur étude parue cette semaine dans la revue Science, on lit que les communautés « situées dans des zones à haut degré d’impact humain » offrent 88 % moins de chances de présenter les comportements dits uniques.

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Le journaliste britannique Ed Yong, dans l’amorce de son article, en appelle aux souvenirs des amateurs de science-fiction :

Imaginez qu’une espèce extraterrestre débarque sur Terre et qu’à travers leur seule présence, ces extraterrestres contribuent à la disparition de formes d’art, à l’homogénéisation de notre musique et à la disparition de nos habiletés techniques.

En plus des observations directes ou par caméras, une partie des données provient de l’analyse des crottes, qui permet de repérer les groupes qui se nourrissent de fourmis, de miel ou d’algues, des aliments qui nécessitent généralement l’usage d’un outil.

Il est possible que des comportements aient échappé aux observations et que d’autres facteurs que les humains aient été en jeu bien avant 2010. Mais l’hypothèse d’une « érosion des comportements » a été formulée depuis longtemps par des experts, et semble inévitable : chaque fois que l’habitat d’une espèce se rétrécit ou que celle-ci continue d’être chassée pour sa viande ou pour des trophées, le risque augmente qu’une « tradition » se perde avant d’avoir été transmise à la génération suivante. Les biologistes qui étudient ces comportements pourraient être, dans certains cas, engagés dans une course contre la montre.

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