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Une des choses qui entretient la confusion lorsqu’il est question de changements climatiques, y compris chez les plus fervents militants environnementaux, ce sont les projections dans le futur: a-t-on « affirmé » 3, 4 ou 5 degrés? 10 centimètres ou 1 mètre? Pour 2050 ou pour 2100 ? Est-ce la communication des résultats par l’intermédiaire des médias et des militants qui introduit cette confusion, ou si ce sont les recherches qui se contredisent?

Il se trouve que ça doit être la communication, parce que les projections, elles, sont encore plus fiables qu’on ne l’imaginait. Dans le cadre d’une méta-analyse publiée cette semaine, un groupe de quatre chercheurs est remonté de 50 ans en arrière —et y a trouvé des modèles qui, dès les années 1970, se sont révélé étonnamment précis… pour prédire où nous en serions en 2017.

Les chercheurs ont en effet comparé les prédictions de 17 modèles sur ce que serait la température planétaire moyenne, sur la terre ferme, avec ce qu’elle était réellement en 2017. Ils ont également comparé ce qu’on appelle le « forçage radiatif », c’est-à-dire, dans le langage de la physique, la différence entre l’énergie reçue et l’énergie émise. Si « un système » —comme la Terre— reçoit plus d’énergie qu’il n’en émet, il se réchauffe. 

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Leur conclusion: « nous avons découvert que les modèles climatiques publiés au cours des cinq dernières décennies étaient en général très fiables pour prédire le réchauffement climatique plusieurs années après leur publication ». Le plus récent date de 2007; les plus anciens, de 1970. Quatorze des 17 modèles avaient correctement prédit ce que serait la relation entre l’évolution de la température et celle du forçage radiatif.

La possibilité d’extrapoler à des modèles climatiques encore plus récents (après 2007) vient du fait que les modèles n’ont jamais cessé de se raffiner depuis 50 ans. Compte tenu des capacités limitées de l’informatique d’alors et du plus petit nombre de données disponibles, l’ambition des chercheurs des années 1970 se limitait essentiellement à de la physique de base. Et pourtant, décrivent les auteurs de la méta-analyse, même ces modèles simples de l’époque ont misé juste, la température moyenne de 2017 se situant dans la zone d’incertitude annoncée. La principale variable ignorée par la science de l’époque était la capacité qu’ont les océans à absorber nos surplus de CO2. L’évolution des connaissances sur cette question et sur les autres, a permis depuis d’introduire davantage de variables dans les calculs (le méthane, les particules fines, etc.) et de calculer plus de scénarios simultanément (du plus pessimiste au plus optimiste), sans que cela ne vienne contredire les prédictions précédentes.

La mauvaise nouvelle est donc que le futur inquiétant décrit par les modèles climatiques est fiable. La bonne nouvelle, c’est que les prévisions « optimistes » qu’on retrouve dans ces modèles pourraient effectivement se réaliser,  si les politiques de réduction des gaz à effet de serre devenaient une réelle priorité.  

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