canicule-thermomètre

Dans l’annonce faite la semaine dernière par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à l’effet que les années 2010 seront la décennie la plus chaude depuis un siècle et demi, un élément est passé inaperçu: 7 millions de personnes ont été déplacées au cours des six premiers mois de 2019 à cause d’événements météorologiques. 

Les années 2010 s’achèvent certes sur une série de canicules exceptionnelles, sur une fonte des glaces accélérée et sur une hausse continue du niveau des océans. Si la tendance du début de la présente année se confirme, la décennie 2010 pourrait donc battre un nouveau record dans le championnat des décennies les plus chaudes, tandis que 2019 décrochera la deuxième ou troisième place des années les plus chaudes depuis 1850. 

Mais au milieu de ces chiffres qui ont fait le tour des médias dans les heures suivant l’annonce de l’OMM, le total des personnes déplacées a moins attiré l’attention. Or, selon l'Observatoire des situations de déplacement interne, un organisme créé en 1998 sous l’égide du Conseil norvégien pour les réfugiés, plus de 10 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays au premier semestre, dont sept millions à cause de catastrophes météorologiques: en tout premier lieu des inondations, suivies de tempêtes et de la sécheresse. À la fin de 2019, ce chiffre pourrait atteindre les 22 millions, relève l’OMM, en citant des canicules et des inondations « qui frappaient jadis une fois par siècle », et qui se font de plus en plus fréquentes, « des Bahamas au Japon en passant par le Mozambique ». Sans compter les feux de forêt dévastateurs cette année en Australie et dans l’Arctique. 

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La plupart de ces personnes déplacées retournent dans leur région d’origine après quelques semaines ou quelques mois. Mais un nouveau rapport d’Oxfam évalue à 20 millions le nombre de personnes déplacées définitivement au cours de la décennie à cause des catastrophes climatiques, la majorité en Afrique et en Asie. Le climat serait désormais devenu la cause première —devançant la guerre— pour laquelle des gens abandonnent leur toit.

Et les femmes sont plus durement touchées par les tempêtes et les inondations que les hommes, soit parce qu’elles sont plus nombreuses à ne pas savoir nager, soit parce qu’elles sont les dernières à quitter la maison, étant en charge des enfants ou des personnes âgées.

Tous ces chiffres ont de bonnes chances de continuer à augmenter, parce que tous les autres indicateurs augmentent: les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne montrent aucun signe d’avoir atteint un plateau et la proportion de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter chaque année.

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