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Environ 11% des puits de pétrole et de gaz de la Colombie-Britannique fuient de façon continue. Et ce nombre pourrait être encore plus élevé, compte tenu qu’un grand nombre de fuites ne seraient pas déclarées, révèle une étude codirigée par l’Université du Québec à Chicoutimi.

Il s’agit d’un tout premier portrait sur l’état des fuites de puits d’hydrocarbures du nord-est de la Colombie-Britannique. Sur les 21 525 installations testées depuis 1995, année des premières collectes de données, 2322 puits actifs et sept puits abandonnés fuyaient. D’après les chercheurs, ces fuites de méthane représenteraient des émissions annuelles de 75 000 tonnes de CO2

Ce nombre peut sembler insignifiant à côté des 62 mégatonnes de CO2 émises par l’ensemble de la Colombie-Britannique. Mais la situation pourrait être plus inquiétante. Une étude de terrain menée par la Fondation David-Suzuki en 2018 avait conclu que la moitié des puits sur lesquels une fuite avait été détectée n’apparaissaient pas dans la base de données de la province, constituée des déclarations des compagnies. « On croit que la donnée de 11 % des puits produisant des émissions fugitives est sous-évaluée» déclare Romain Chesnaux, de l’UQAC, co-auteur de la nouvelle étude. Il faudrait plus d’efforts pour surveiller les puits inactifs, ajoute l’ingénieur chercheur, car ceux-ci ne sont plus testés une fois abandonnés. 

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En plus de produire des gaz à effet de serre, les fuites peuvent contaminer les eaux de surface et souterraines. Et les puits abandonnés sont les plus à risque de causer ce type de dommage. 

Les émissions fugitives des puits d’hydrocarbures ne sont pas une réalité inconnue. En 2018, le gouvernement du Québec publiait 200 rapports d’inspections de puits dont 10% présentaient un état non-conforme. Or, il s’est avéré que des dizaines de puits considérés conformes restaient introuvables. Par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, les inspecteurs n’ont retracé qu’un seul des 18 puits pourtant jugés adéquats. Le gouvernement s’était ensuite engagé à inspecter et sécuriser les 790 puits inactifs de la province d’ici la fin de 2020.

Pour Romain Chesnaux, les provinces devraient mettre en oeuvre des règlements exigeant la surveillance des puits après leur abandon, de même que la communication des résultats.

 

-Émilie Senécal-Léonard

 

La version originale de ce texte a été modifiée: le prénom du chercheur est Romain et non Robin. 

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