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Parmi les quatre priorités scientifiques les plus urgentes auxquelles fera face le gouvernement de Joe Biden, il y en a une qui tranche: « rétablir la réalité ».

Dans la liste que propose le magazine Scientific American dans son édition de février, on retrouve en effet trois urgences prévisibles: accélérer la lutte contre la Covid, réparer les dommages faits sous Trump dans la lutte aux changements climatiques et « restaurer le rôle de la science au sein du gouvernement ». Deux chercheurs américains placent d’ailleurs ce dernier élément au coeur de leur liste des « cinq étapes » suggérées à un président Biden pour mieux utiliser la science que son prédécesseur.

Mais le défi de « rétablir la réalité » rappelle que la tâche ne repose pas juste sur des changements à des lois ou des budgets accrus pour la recherche. « Il faut que nous nous entendions sur les preuves —pour que nous puissions être en désaccord sur ce que nous pouvons faire. » Ce n’est pas juste une nécessité pour que la science avance —c’est une nécessité pour qu’une démocratie fonctionne.

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Mais puisque —des années de lutte contre la désinformation l’ont démontré— il ne suffit pas de dire à quelqu’un qu’il a tort pour qu’il admette avoir tort, il va falloir mieux comprendre pourquoi des gens s’accrochent à des faussetés en apparence absurdes. Les spécialistes en psychologie des théories du complot risquent d’avoir leur moment, résume la journaliste Jen Schwartz, dans le Scientific American :

Dans les coulisses, l’administration devrait intégrer davantage de sciences du comportement dans les décisions politiques, pour mieux comprendre comment les croyances et les motivations influencent, par exemple, le contrôle du port du masque.

L’absence de Trump dans l’actualité quotidienne pourrait y aider: « les complots deviennent moins attirants, spécialement chez les nouveaux adhérents, lorsque les chefs de haut rang quittent la scène ».

Et pourquoi pas un groupe de travail sur « la manipulation de l’information et la désinformation numérique », composé d’experts allant du droit à la technologie en passant par la sociologie. Tout effort tangible mis sur la lutte à la désinformation pourrait « alléger le fardeau sur les épaules des journalistes et des chercheurs », qui ont souvent été les seuls à monter au front ces dernières années. Et c’est sans compter le déclin de longue date de l’information locale, déclin qui a ouvert la porte encore plus grande aux « fake news », et les attaques des dernières années contre la liberté d’expression.

Dans tous les cas, écrit Schwartz, la transparence sera plus que jamais importante, dans le climat actuel de méfiance face aux autorités. Les premières décisions liées à la pandémie ne devront pas juste trancher avec l’administration précédente (ce qui ne sera pas difficile), elles devront être expliquées en parallèle avec les alternatives —autrement dit, le coût économique de l’inaction. Une stratégie qui pourrait bien évidemment s’appliquer à tous les autres dossiers à teneur scientifique: « l’incertitude ne va pas disparaître, et Biden serait bien avisé d’aider les Américains à mieux vivre avec ».

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