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Si la tendance se maintient, la plupart des citoyens des pays les plus pauvres pourraient attendre jusqu’à deux ans avant d’avoir leur vaccin. Du moins, si rien ne change du côté du rythme de production des vaccins et de la vitesse à laquelle ils sont distribués en-dehors des pays riches.

À l’heure actuelle, 3,3 milliards de doses d’un des vaccins contre la COVID ont été administrées. Au rythme actuel, on pourrait atteindre les 6 milliards de doses à la fin de l’année, selon une estimation publiée en mai par le Fonds monétaire international. Des chiffres qui peuvent paraître impressionnants, sauf qu’à raison de deux doses par adolescent et par adulte, c’est de 11 milliards de doses dont on aura besoin. Et ces chiffres cachent le même écart depuis des mois: 80% de ces doses sont allées jusqu’ici dans une petite poignée de pays.

Entretemps, le nombre total de morts à travers le monde vient officiellement de franchir la barre des 4 millions, et tous les experts s’entendent pour dire que ce chiffre est sous-estimé. Le continent sud-américain (c’est l’hiver là-bas) vit une troisième vague. L’Afrique du Sud aussi, de même qu’une vingtaine de pays africains. Plusieurs des pays de ce continent font face à des situations qualifiées d’alarmantes par les autorités nationales ou internationales. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le variant Delta représenterait à présent la quasi-totalité des cas recensés en Ouganda, et la majorité au Congo.

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Certes, les pays du G7 ont pris des engagements à la mi-juin : les États-Unis ont promis 500 millions de doses d’ici la fin de l’année, le Royaume-Uni 100 millions, la France 30 millions… Mais ce n'est qu’une partie de ce qui serait nécessaire, et il faudra le reste de l’année pour que ces doses se rendent. Certains pays préfèrent attendre d’avoir vacciné toute leur population avant d’exporter des vaccins, même s’ils ont l’assurance de recevoir d’autres livraisons dans les prochains mois; d’autres pays n’ont pas levé les obstacles légaux à l’exportation de certains ingrédients des vaccins; et enfin, la question du « droit d’auteur » que possèdent les compagnies sur ces vaccins —qui empêche pour l’instant d’autres compagnies d’en fabriquer des copies— n’a toujours pas été résolue.

Déjà en mars dernier, une chercheure américaine en politiques de la santé, Andrea Taylor, avait estimé qu’il faudrait attendre 2023 pour que les pays les plus pauvres soient adéquatement vaccinés. Interrogée cette semaine par la revue Nature, elle déclare que son calcul tient toujours.

Chose certaine, le temps presse. Si, dans certains pays riches, on s’inquiète d’une résurgence de la pandémie l’automne prochain à cause du variant Delta, cette résurgence sera à tout le moins atténuée grâce à la vaccination. Mais dans les pays peu vaccinés, la résurgence risque tout autant de se produire et le variant Delta ne sera pourtant pas moins virulent chez eux.

Dans l’immédiat, le nombre de morts continue donc de grossir. Rappelant mercredi le passage du cap des 4 millions de décès, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné l’iniquité dans la distribution des vaccins, qui va désormais alimenter cette hausse, et blâmé le « nationalisme vaccinal », expression qui réfère à cette « poignée de nations qui ont pris la part du lion ». À cette étape de la pandémie, a-t-il dit en conférence de presse, « le fait que des millions de travailleurs de la santé n’aient toujours pas été vaccinés, est odieux ».

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