L’aide aux pays en voie de développement pour leur adaptation aux changements climatiques n’est pas seulement insuffisante: elle pourrait même laisser les plus vulnérables encore plus à risque de subir des contrecoups.
C’est ce qu’on peut lire dans un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) paru la semaine dernière. Si la première partie de l’affirmation n’est pas une surprise —le constat à l’effet que les sommes versées sont insuffisantes a été fait plusieurs fois— la deuxième partie révèle un écart entre ce à quoi cette aide devrait servir et ce à quoi elle sert souvent.
Le rapport est en effet intitulé « Adaptation Gap », en référence au fait que, sur les sommes promises jusqu’ici, à peine le cinquième va vraiment à des projets d’adaptation. Le reste va plutôt à ce qu’on appelle « l’atténuation », comme des projets visant à réduire les émissions de carbone.
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Rappelons qu’on désigne par le terme « adaptation » toute action visant à s’adapter à des changements inévitables —de la construction de barrières anti-inondations jusqu’aux investissements dans la climatisation des édifices en passant par l’aide aux agriculteurs menacés par des sécheresses ou à la reconstruction des routes plus loin du rivage.
Le terme « atténuation » désigne plutôt des actions visant à réduire nos impacts futurs —des édifices moins énergivores, moins de fuites dans les infrastructures industrielles, etc.
Or, les pays les plus vulnérables aux effets des changements climatiques sont souvent les plus pauvres: de sorte que moins ils auront eu d’opportunités pour s’y préparer, plus les inondations, canicules et autres tempêtes, causeront de lourds dégâts.
Le bon côté des choses est que le financement s’est amélioré depuis l’Accord de Paris de 2015, qui recommandait —mais n’obligeait pas— les pays riches à investir davantage. Toutefois, selon le rapport du PNUE, plus d’un tiers des nouveaux projets censés contribuer à l’adaptation ne rencontrent pas les critères d’un projet d’adaptation, tels que fixés par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
On donne en exemple des projets de modernisation de l’agriculture ou d’amélioration des réserves d’eau potable, auxquels « l’étiquette » adaptation a été ajoutée ensuite —faisant craindre que ceux qui les financent ne donnent pas de l’argent neuf, mais juste un nom différent à une aide financière déjà existante.
Le PNUE évalue aussi les besoins réels pour l’adaptation aux changements climatiques à 300 milliards$ par année vers 2030, et à 500 milliards$ vers 2050 —une autre raison pour son titre « Adaptation Gap ».