Floride-COVID-autoroute.jpg

En Floride, une analyse qui avait été à la base d’une recommandation du grand patron du ministère de la Santé de ne pas faire vacciner les jeunes adultes contre la COVID, s’avère avoir dissimulé des données cruciales.

Déjà, cette recommandation et cette analyse avaient été abondamment critiquées, en octobre 2022. Joseph Ladapo, anciennement professeur au Collège de médecine de l’Université de Floride avant d’être nommé à la tête du ministère de la Santé de cet État (en anglais, Surgeon General) avait alors déclaré que le vaccin augmentait le risque de troubles cardiaques mortels chez les adultes de moins de 40 ans. Un comité de professeurs du Collège de médecine avait réagi en parlant de pratiques de recherches douteuses de la part de leur ex-collègue.

Or, on vient d'apprendre que quatre des cinq premières versions, non publiées, de l’analyse en question du ministère de la Santé —analyse sur laquelle s’appuyait Ladapo— disaient que c’était le coronavirus qui augmentait le risque de problèmes cardiaques, beaucoup plus que le vaccin —problèmes pouvant conduire à des décès: une incidence 10 fois plus élevée chez les 18-24 ans, et 5 fois plus chez les 25-39 ans, lisait-on dans ces premières versions. « Le risque associé à une infection à la COVID-19 dépasse clairement tout risque potentiel associé au vaccin à ARN. »

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Cette conclusion n’étonnait pas les experts, puisque ce risque plus élevé du virus était ressorti depuis le début de 2021 d’à peu près toutes les analyses comparant les effets secondaires du vaccin avec les impacts négatifs du virus. Ce risque plus élevé associé au virus était en fait au cœur des raisons pour lesquelles la vaccination était recommandée à tous les groupes d’âge, entre autres par le CDC —l’organisme fédéral de suivi de la santé dans l’ensemble des États-Unis.

Or, cette information sur le risque plus élevé du virus, était disparue de la version finale du rapport floridien publiée le 7 octobre. Les versions non publiées de ce document ont été obtenues récemment par le quotidien Tampa Bay Times, grâce à la loi floridienne d’accès aux documents gouvernementaux.

Le vérificateur général du ministère de la santé avait ouvert une enquête en novembre sur Joseph Ladapo, à la suite d’une plainte selon laquelle il aurait falsifié le rapport en question. La plainte est restée sans suite, selon le magazine Politico.

La nomination de Joseph Ladapo à ce poste par le gouverneur de Floride Ron DeSantis, en 2021, avait déjà provoqué la controverse, Ladapo ayant souvent affiché son opposition au port obligatoire du masque et aux mesures sanitaires, tout comme le gouverneur de Floride. Ce dernier a même demandé  en décembre dernier à la Cour suprême de Floride de nommer un « grand jury » qui enquêterait sur les vaccins contre la COVID, sans toutefois préciser sur quoi le tribunal devrait enquêter. On ignore encore si les juges considèreront qu’il est de leur ressort de lancer une enquête sans mandat précis.

En réplique aux dernières révélations, Ladapo a réitéré sur Twitter le 8 avril que le vaccin augmentait « le risque cardiovasculaire », sans toutefois mentionner le risque plus grand posé par le virus. Les épidémiologistes interrogés par le Tampa Bay Times, qui ont passé en revue les versions préliminaires du document, ont jugé que « l’omission » était « inexplicable », voire « irresponsable ». L’un d’eux parle même de «mensonge par omission ».

Je donne