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Une dent de cerf, portée en pendentif il y a 20 000 ans, vient de révéler de l’ADN provenant du cerf, mais aussi et surtout, de la sueur de la personne qui l’a portée.

Ce serait la première fois que de l’ADN humain est extrait d’un objet aussi ancien, se réjouissent les chercheurs dont la recherche est parue le 3 mai dans la revue Nature. L’équipe est attachée à l'Institut Max-Planck d'anthropologie de l'évolution, en Allemagne, qui a été à l’avant-garde, depuis deux décennies, de la plupart des percées en matière de décodage de génomes d’humains ou d’animaux préhistoriques.

L’ADN révèle que l’objet a appartenu à une femme.

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« C’est presque comme ouvrir une machine à voyager dans le temps », résume la chercheure principale, la biologiste moléculaire Elena Essel, spécialiste de l’ADN ancien.

L’analyse, qualifiée de « non invasive » parce qu’elle n’a pas altéré la surface de la dent, a consisté à extraire l’ADN « enfoui » dans la dent en baignant celle-ci dans une solution saline réchauffée progressivement jusqu’à 90 degrés Celsius. Si la méthode semble simple, il a tout de même fallu, racontent les chercheurs, des dizaines d’essais et d’erreurs sur d’autres artefacts avant de trouver la méthode non invasive la plus efficace.

La dent avait été découverte au milieu de plusieurs autres restes dans la grotte de Denisova, en Sibérie, devenue célèbre pour avoir révélé —grâce à de l’analyse génétique, encore une fois— l’existence, en 2010, d’une espèce humaine distincte de l’Homo sapiens et du Néandertalien, le Dénisovien. L’objet, faisant à peine 2,5 centimètres, était doté d’un trou permettant de faire vraisemblablement passer une ficelle pour le porter en pendentif. Il avait été sculpté dans une dent de wapiti (Cervus canadensis), le deuxième plus grand cervidé, après l’orignal.

On y a aussi trouvé de l’ADN de wapiti, confirmant que l’humaine et lui ont vécu à la même époque, il y a 19 à 25 000 ans. La femme pourrait être la personne qui a sculpté l’objet, mais la « grande quantité d’ADN » suggère qu’elle fut certainement la personne qui l’a porté pendant une longue période de temps.

L’analyse révèle aussi une filiation avec un groupe d’humains qui a vécu à 1500 km plus à l’Est, mais les informations à ce sujet sont trop fragmentaires pour s’avancer davantage. Pour l’instant, c’est avant tout la technique qui intéresse les paléontologues: elle ouvre la porte à la possibilité d’identifier de l’ADN humain dans beaucoup d’autres objets, dont des outils de pierre, et peut-être même d’associer des traits culturels: étaient-ce des hommes ou des femmes qui portaient le plus souvent de tels pendentifs, ou qui fabriquaient le plus souvent les outils, peut-on repérer des traits en fonction de l'âge de la personne, ou de la géographie?

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