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Une caverne d’Asie a révélé que l’homme de Denisova, un de nos plus proches cousins, avait occupé l’endroit pendant plus de 250 000 ans. Mais la particularité de cette longue datation réside dans le fait qu’on n’a guère plus d’os de Dénisoviens qu’avant.

Des archéologues ont passé les six dernières années à « cartographier » cette caverne : ils ont à présent daté 103 couches de sédiments, et 50 objets parmi ces couches, qui vont des outils de pierre aux os d’animaux en passant par des morceaux de charbon. Comme la plus ancienne occupation de la caverne est vieille de près de 300 000 ans, il ne peut s’agir d’Homo sapiens, puisque ceux-ci ont quitté l’Afrique il y a seulement 100 000 ans. Et comme cette caverne est aussi celle où on a identifié pour la première fois, en 2010, des gènes de ce cousin Dénisovien, il est logique de croire que c’est lui qui a occupé cet endroit en continu pendant une très longue période.

Sauf qu’on sait que l’autre cousin, le Néandertalien, était lui aussi dans les parages pendant une partie de cette période. Les plus anciennes traces de son ADN sont estimées entre 175 et 200 000 ans. Ce qui suggère encore plus de « mariages mixtes » entre ces deux groupes que ce que la génétique commence à peine à découvrir.

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Et enfin, au bout de cette histoire, il y a nous : la plus récente couche d’occupation (mais où on n’a pas retrouvé d’ossements humains) n’est vieille que de 20 000 ans, date à laquelle les Homo sapiens avaient depuis longtemps atteint toutes les extrémités de l’Asie. De fait, les artefacts vieux de 20 à 40 000 ans incluent des outils de pierre plus perfectionnés et des bijoux faits d’os. L’idée qu’il s’agisse nécessairement d’une production d’Homo sapiens est contestée par certains des chercheurs, qui voient plutôt dans l’occupation en continu de cette caverne par les Dénisoviens un argument à l’effet qu’ils pourraient eux aussi avoir développé la capacité d’y développer des outils plus perfectionnés. Est-il même possible qu’Homo sapiens et Dénisoviens aient partagé les lieux ?

Les deux recherches sur cet effort de datation, qui sont parues mercredi dans la revue Nature, ne permettent pas de répondre à ces questions, mais ajoutent donc une série de questions qui, pour les amateurs de fossiles, sont intrigantes. Les outils de pierre les plus récents sont-ils l’œuvre d’Homo sapiens ou de Dénisoviens ? Un groupe a-t-il délogé l’autre ou si les deux se sont mêlés ?

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