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À travers le monde, les rats ont profité des grands voyages d’exploration des siècles passés pour envahir toutes sortes d’îles et ravager leurs écosystèmes. Un effort international pour les éradiquer commence tout doucement à porter fruit —et pourrait restaurer une partie de la biodiversité jadis perdue.

L’organisme américain Island Conservation, dévolu spécifiquement à l’éradication des espèces invasives des îles (espèces animales autant que végétales), donne souvent en exemples deux îles de l’archipel des Galapagos, Rábida et Pinzón, au large de l’Amérique du Sud. Après la disparition des rats, on y avait observé pour la première fois un gecko, un petit reptile que l’on pensait disparu là-bas.

Retirer les rats de plusieurs îles pourrait même avoir un impact indirect sur la lutte aux changements climatiques, en aidant l’écosystème commun que composent une île et son récif de corail à mieux résister aux tempêtes et à la hausse du niveau des océans: un récif plus en santé fournit en effet une meilleure barrière et protège ainsi l’île de l’érosion.

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Il faut savoir que le lien entre les rats et les récifs de corail passe en partie par les oiseaux qui viennent pondre leurs oeufs sur ce récif, et en partie par les grandes algues environnantes (ou macroalgues).

Le lien avec les oiseaux est connu depuis longtemps: en mangeant les oeufs, les rats ont décimé les populations d’oiseaux. Le lien avec les algues, en revanche, n’a été découvert que tardivement: les grandes algues et les récifs sont en compétition pour les nutriments; lorsque des récifs blanchissent à cause du réchauffement, ces algues en profitent et limitent la capacité du récif à récupérer. Or, une étude parue en 2019 a révélé que les îles « sans rats » abritaient plus de poissons herbivores, et qui dévoraient donc davantage de ces algues.

La même étude arrivait à la conclusion que les îles qui avaient conservé leurs populations d’oiseaux avaient une plus grande quantité d’un autre type d’algue, qui aide les récifs de corail endommagés par le blanchissement à récupérer plus vite.

La complexité de ces interactions implique toutefois que l’éradication des rats ne rétablira pas les écosystèmes du jour au lendemain. En mars dernier, la petite île de Irooj, dans l’archipel des Marshall (ouest du Pacifique), était décrétée « sans rats » après un travail d’un an mené par la république des Iles Marshall et l’organisme Island Conservation. La biologiste britannique Casey Benkwitt, de l’Université Lancaster, experte des écosystèmes marins, évalue toutefois qu'il faudra ensuite 15 ans à un écosystème insulaire pour récupérer partiellement.

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