La poussière lunaire n’est pas seulement pauvre en nutriments, elle est aussi « coupante et grumeleuse », ce qui n’est pas particulièrement invitant pour des formes de vie. Deux chercheuses américaines ont néanmoins réussi à faire pousser des plants de pois chiches, en les mélangeant à des déjections d’un ver de terre —que connaissent bien les agriculteurs sous le nom de lombricompost. Et en y greffant un champignon Arbuscular mycorrhiza, qui aide la plante à capter les maigres nutriments. 

Il a fallu 120 jours, ce qu’un agriculteur normal considérerait trop long. Mais les chercheuses du Texas et du Rhode Island, qui décrivent leur démarche dans un article prépublié sur la plateforme BioRxiv, voient cette expérience comme une première étape, en vue du jour où des humains devront faire des séjours de longue durée sur la Lune. Avoir des « produits locaux » coûterait beaucoup moins cher… 

Déjà, sur la station spatiale internationale, on a fait pousser de la laitue et des tomates. Dans une situation de microgravité, qui n’est pas idéale pour la croissance d’un être vivant. Mais on utilisait alors du sol bien terrestre, alors que le sol lunaire représente un défi de taille.

Plus récemment, des expériences ont été faites avec des échantillons de sol ramenés jadis par les astronautes des missions Apollo et conservés précieusement depuis. Cela a confirmé qu’une plante pouvait bel et bien y pousser avec beaucoup d’eau, de lumière et d’amour —du moins, une Arabidopsis thaliana, réputée pour pousser n’importe où. Mais elle n’était pas très vigoureuse et les fleurs étaient fanées. Il fallait donc imaginer un coup de pouce, et c’est de là qu’est venue l’idée du champignon et de l’engrais gracieusement fourni par les vers. Reste à voir combien il faudra de plantes pour fournir suffisamment de pois chiches pour une recette.