Serait-il possible que, à l’envers de la perception populaire, la capacité à se concentrer soit aujourd’hui meilleure qu’il y a 30 ans? C’est ce que suggère, non pas une étude mais une synthèse d’études —une méta-analyse— publiée en novembre.
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Bien des enseignants ont l’impression contraire: celle qu’au cours des dernières décennies, il serait devenu plus difficile de garder pendant une heure l’attention des adolescents et pré-adolescents. Et bien des experts ont eu beau jeu d’alléguer que le bombardement d’informations auxquels sont soumis les jeunes par leurs écrans préférés, induirait logiquement une plus grande difficulté à rester concentré sur un exposé qui dure plus longtemps qu’une vidéo TikTok.
Mais pour des chercheurs sous la direction de la psychologue Denise Andrzejewski, de l’Université de Vienne, en Autriche, qui ont épluché les données de 179 études couvrant une trentaine d’années (de 1990 à 2021) dans 32 pays, « nos résultats indiquent que la performance de concentration chez les adultes a augmenté pendant la période investiguée ».
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Leur article, paru dans Personality and Individual Differences, fait référence à « l’effet Flynn »: c’est l’idée que le Q.I. moyen d’une population aurait augmenté au fil des décennies du 20e siècle, une idée avancée en 1984 par le philosophe américain James Flynn (1934-2020). Plus récemment, plusieurs ont affirmé que, depuis les années 2000, l’effet Flynn se serait inversé: autrement dit, la courbe du Q.I., du moins chez les jeunes générations, serait repartie vers le bas. La recherche visait à vérifier ce que 30 années d’études en disaient. Et la capacité d’attention, ou capacité à se concentrer, est un élément important des mesures de l’intelligence.
Certes, la limite de cette étude est que l’intelligence en général et le Q.I. en particulier demeurent des concepts extrêmement difficiles à mesurer —voire très controversés. Mais lorsqu’on ne s’arrête qu’aux tests d’attention, on est devant quelque chose qui peut être évalué plus objectivement, du moins selon les chercheurs. Le test en question consiste à repérer des lettres spécifiques sur un écran, le plus vite possible et avec aussi peu d’erreurs que possible.
Leur conclusion est qu’au fil des décennies, les participants adultes ont « ralenti » et ont fait moins d’erreurs dans ces tests d'attention, alors que pour les plus jeunes, c’est l’inverse: ils complètent les tests plus vite et font plus d’erreurs. Les chercheurs mettent cela sur le compte d’un « comportement impulsif »: finir un test plus vite ne prouve en effet pas une moins grande capacité d’attention… quoique ça pourrait trahir un désir d’en finir au plus vite, en se souciant moins du risque de faire des erreurs.