eau-gouttes

On signale depuis longtemps que plusieurs nappes d’eaux souterraines sont utilisées à un rythme trop rapide pour qu’elles aient le temps de se renouveler. Mais à partir de quel moment la situation sera-t-elle devenue insoutenable? Un regard international sur la question apporte une bonne et une mauvaise nouvelle.

La bonne, c’est que la quantité d’eau extraite du sol sera, en 2100, à peu près au même niveau qu’aujourd’hui. La mauvaise, c’est que le sommet pourrait être atteint dès 2050, ce qui signifie qu’on assistera ensuite à un lent déclin des capacités du sous-sol. Or, avec la croissance démographique et les besoins plus élevés en agriculture, cela pourrait signifier des pénuries dramatiques dans certaines régions de la planète, qui iront en s’accentuant jusqu’à la fin du siècle. 

Autrement dit, dès le début des années 2050, des régions entières pourraient être privées d’un accès facile à l’eau potable —soit partout où l’approvisionnement dépend de nappes souterraines qui auront alors entamé leur déclin. 

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Déjà, il y a longtemps que des estimations laissent craindre un tel scénario. On sait par exemple qu’entre 1960 et 2010, l’extraction des eaux souterraines a augmenté, à l’échelle mondiale, de plus de 50% et ce, largement pour irriguer des champs. C’est aujourd’hui environ un cinquième de la nourriture produite dans le monde qui dépend d’eaux souterraines, plutôt que de la pluie ou des cours d’eau les plus proches. 

Il y a également longtemps que les solutions sont connues, mais elles sont rarement appliquées

Des chercheurs américains en physique et en économie ont analysé les données sur les eaux souterraines de 235 sites à travers le monde et ont extrapolé pas moins de 900 scénarios —pour tenir compte de la croissance démographique mais aussi de possibles politiques pour économiser l’eau, pour produire des cultures moins gourmandes en eau, etc. Et pour tenir compte de l’économie, qui peut faire grimper plus ou moins vite les coûts de pompage. 

Leur étude est parue en avril dans la revue Nature Sustainability

La quasi-totalité de ces scénarios (98%) montre un sommet suivi d’un déclin, le sommet se situant en moyenne à 625 kilomètres cube d’eau qui seraient extraits du sol au milieu du siècle, soit à peu près le double de la quantité actuelle. Ce qui varie le plus d’un scénario à l’autre est le moment où commence le déclin, mais même dans les scénarios les plus optimistes, ce sommet est atteint avant la fin du siècle.

Et on parle ici du déclin à l’échelle mondiale, mais dans 10% des sites étudiés, le sommet est atteint dès 2030: il s’agit de grandes régions de l’Inde, du Pakistan et de la Chine. Il est même probable que ce déclin soit déjà commencé depuis une dizaine d’années dans certains endroits, et cela inclut, aux États-Unis, les eaux souterraines du Missouri et de la Californie. La question des coûts de pompage est importante quand on se rappelle que, dans plusieurs cas, la nappe souterraine ne sera pas à proprement parler en voie d’assèchement: c’est plutôt que l’eau qui reste sera de plus en plus difficile à extraire, nécessitant une facture de plus en plus élevée, qui se répercutera sur le coût des aliments produits. 

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