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Alors que les fausses nouvelles et les théories du complot concernant la COVID-19 se répandent dans les médias sociaux comme un deuxième virus, une méthode vieille de deux millénaires est encore valide pour nous aider à déterminer si une information mérite d’être partagée sur les réseaux sociaux.

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Par Louise Bouchard

 

socrateSocrate, le père des vérificateurs de faits ?

Si l’authenticité de cette anecdote est débattue, elle recèle néanmoins une sagesse qui, elle, mérite qu’on s’y intéresse.

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Voilà 2 400 ans, le philosophe grec Socrate se serait fait interpeller par un individu qui se proposait de lui raconter une histoire à propos d’un de ses amis. Avant de lui accorder plus d’attention, Socrate — un homme occupé — l’aurait invité à filtrer son histoire à travers trois passoires afin de déterminer si celle-ci mérite d’être entendue.

La première passoire est celle de la vérité. Une histoire mérite d’être entendue et partagée si elle est vraie, donc s’il est possible de confirmer sa véracité. Dans le cas contraire, mieux vaut garder le silence.

La deuxième passoire atteste de la « bonté » ou de la bienveillance de l’information. Si l’histoire fait du bien, qu’elle apporte quelque chose de positif à celui qui l’entend, elle mérite sans doute d’être racontée. Dans un contexte plus moderne, il serait intéressant de se questionner sur l’intention de l’information : l’histoire vise-t-elle à choquer, à faire peur, à convaincre ou à manipuler (propagande) ? 

Enfin, la troisième passoire valide l’utilité de l’information. Socrate aurait demandé à la personne si ce qu’il avait à lui raconter contenait une information utile, et devant une troisième réponse négative, il en aurait conclu que « si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, à quoi bon m’en parler ? »

C’est une théorie en apparence simpliste, mais si tout un chacun filtrait ses commentaires et ses affirmations à travers ces trois passoires avant de les rendre publiques, il y aurait certainement moins de désinformation… et probablement aussi beaucoup moins de « bruit » dans les médias sociaux ! 

La COVID-19 et le test des trois passoires

Pour le plaisir de l’exercice, passons la « nouvelle » voulant que le virus de la COVID-19 ait été fabriqué dans un laboratoire en Chine dans les trois passoires :

  • Première passoire : LA VÉRITÉ - Cette information est-elle vraie, la personne qui la propage a-t-elle pu la vérifier ? Comme il est impossible de confirmer cette information par une vérification en bonne et due forme, on ne peut affirmer qu’elle est vraie.
  • Deuxième passoire : LA BIENVEILLANCE - Cette allégation fera-t-elle du bien à celui ou celle qui l’entendra? Mise-t-elle sur la peur ou sur la manipulation ? Dans notre exemple, il est assez clair qu’une telle histoire vise à faire porter le blâme de la pandémie sur les épaules de la Chine.
  • Troisième passoire : L’UTILITÉ - Cette information est-elle utile ? Difficile de répondre par l’affirmative alors que la planète cherche un vaccin ou des médicaments pour contrer la propagation du virus et l’évolution de ses symptômes. Certaines personnes pourraient cependant la trouver utile, mais comme l’information n’a pas passé les deux premières passoires, elle ne mérite pas d’être partagée.

Avec un tel résultat, l’information voulant que la COVID-19 ait été fabriquée dans un laboratoire chinois n’aurait sûrement pas passé ce célèbre test attribué à Socrate!

 

Ce texte a été modifié le 20 octobre pour tenir compte des doutes sur l'origine "socratienne" de l'histoire.

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