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Plusieurs ont l’impression qu’au Québec, il y a plus de journées de smog en hiver qu’avant. Or, bonne nouvelle, c’est le contraire qu’on observe.


Cet article fait partie de notre rubrique de vérification des faits, Le Détecteur de rumeurs. Les autres textes sont ici.


Selon les données obtenues par Environnement Canada, il y aurait eu 26 jours d’avertissements de smog pour l’ensemble du Québec à l’hiver 2015-16 contre 126 à l’hiver 2010-11. C’est presque cinq fois moins en cinq ans.

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Évidemment, le nombre d’avertissements de smog varie d’une ville à l’autre. Mais même dans la grande région de Montréal, qui détient la première place, il y a eu moins d’avertissements de smog ces dernières années. À preuve, la métropole est passée de 27 jours d’avertissements de smog à l’hiver 2010-11 à seulement six l’hiver passé.

Alors pourquoi a-t-on l’impression qu’il y a plus de smog en hiver qu’avant ?

Selon Denis Bourque, météorologue spécialisé en qualité de l’air à Environnement et Changement climatique Canada, c’est peut-être tout simplement parce qu’il y a plus d’épisodes de smog en hiver qu’en été.  En effet, « peu de gens savent que la très grande majorité des épisodes de smog ont lieu en hiver », explique-t-il. À titre d’exemple, en 2015, 89 % des jours de smog ont eu lieu en hiver, entre janvier et mars, selon les chiffres du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques.

Qu’est-ce que le smog ?

Le mot smog est issu de la contraction des mots « smoke » et « fog » : c’est donc un brouillard de fumée. Ainsi, un jour de smog en hiver n’est pas une simple journée de pollution atmosphérique. Il faut que les émissions polluantes et les conditions météorologiques fassent en sorte qu’il y ait accumulation de particules fines pendant plusieurs heures, sur une vaste étendue de territoire.

« C’est l’interaction entre la pollution et certaines conditions météo qui peut mener à la formation du smog », explique Denis Bourque. « Par exemple, s’il y a beaucoup d’émissions polluantes dans une région et qu’en même temps le mercure chute et les vents baissent, ça peut créer une espèce de couvercle qui emprisonne les polluants. Un autre jour, la même quantité de polluants peut être dissipée par les vents et il n’y aura pas de formation de smog. »

Rappelons que le smog n’est pas qu’un épais brouillard qui obstrue les paysages, il peut aussi rendre malade. Les enfants asthmatiques et les personnes âgées, de même que celles qui ont des problèmes respiratoires ou cardiaques, sont particulièrement touchées. C’est pourquoi on recommande à ces personnes d’éviter les activités physiques en plein air lors d’une journée de smog.

Comment expliquer la baisse des jours de smog ?

Est-ce parce que les conditions météorologiques ont été moins favorables au smog ou parce qu’il y a moins d’émissions de polluants? Le météorologue Denis Bourque penche davantage vers cette deuxième explication. « Après cinq ans de baisse, on commence à penser que les efforts qui ont été faits pour diminuer les émissions ont porté fruit ».

« Le smog en hiver est dû aux émissions de particules fines dans l’atmosphère. Différentes mesures ont été prises pour les réduire à la source, au niveau des transports, du chauffage et des industries. La réglementation pour limiter les concentrations de soufre dans le carburant et la fermeture des centrales thermiques au charbon en Ontario, dont les émissions polluantes étaient charriées au Québec par le vent, peuvent expliquer le nombre de journées de smog à la baisse qu’on observe. »

À Montréal, où le chauffage au bois est la deuxième cause de smog hivernal derrière les transports, il est possible que les efforts pour resserrer les règles d’utilisation des poêles et foyers au bois et pour sensibiliser le public à cet enjeu, aient eu un impact. Rappelons qu’il est désormais interdit d’utiliser un appareil au bois en période de smog à Montréal, à l’exception d’une panne d’électricité de plus de trois heures. À partir du 1er octobre 2018, ce même Règlement sur l’utilisation des poêles et foyers au bois interdira en tout temps un appareil qui émet plus de 2,5 g à l’heure de particules fines.
 
André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), estime lui aussi que ces différentes mesures ont eu un impact positif. « Mais il ne faut pas oublier les hivers plus doux des dernières années. On chauffe moins au bois quand il fait plus chaud, donc on émet moins de particules fines ! », ajoute-t-il.

Le problème du chauffage au bois en régions

M. Bélisle estime aussi qu’il faudra continuer à faire des efforts en matière de chauffage au bois, très populaire en régions. Bien qu’on parle plus souvent du smog dans les grandes villes, la concentration des polluants peut être aussi élevée, sinon plus, dans les collectivités suburbaines et rurales en raison de l’utilisation de ce type de combustion, selon Santé Canada.

« Sauf à Montréal et dans certaines municipalités comme Sainte-Julie qui ont des règlements plus stricts sur les appareils au bois, c’est la réglementation provinciale qui s’applique et elle n’est pas assez sévère », estime le président de l’AQLPA. « Alors, dans des petits villages, particulièrement ceux qui sont situés dans des vallées où les vents ne chassent pas la pollution, on peut observer des journées de smog très dense en hiver. Ça ne se sait pas, parce qu’il n’y a pas de stations qui mesurent les émissions dans tous les villages et municipalités, mais il y a du smog en régions », explique M. Bélisle.

Verdict

La tendance à la baisse des jours de smog semble se confirmer, du moins dans les villes où on prend des mesures de la qualité de l’air.

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