homeopathie

Dans le contexte de la multiplication des cas de rougeole qui sévit en France, un reportage de l’émission Envoyé spécial, diffusé à la télévision publique française, a récemment fait intervenir un « pédiatre homéopathe ». Ce qui a conduit le Détecteur de rumeurs à se poser la question suivante : indépendamment du fait qu’on croit ou non à l’homéopathie, la crédibilité de cette personne aurait-elle pu être validée ? Démonstration en six points.


Cet article fait partie de la rubrique du Détecteur de rumeurscliquez ici pour accéder aux autres textes.


Au-delà du reportage

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Didier Grandgeorge n’est pas un inconnu des mouvements pro-homéopathie. Il a suffi d’une vingtaine de minutes au Détecteur de rumeurs pour découvrir que :

  1. Il se vante de pouvoir guérir l’autisme par l’homéopathie, mais ne présente ni études ni données probantes à l’appui de ses dires.

  2. Il soutient que le traitement homéopathique doit être administré tous les jeudis matins, sans raison particulière.

  3. ll a aussi écrit en 2011 que la rougeole « permet à l’enfant de régler les contentieux de la relation fusionnelle mère-enfant, donc du stade oral de FREUD. Ce faisant, l’enfant va pouvoir accéder au stade ANAL et donc acquérir le langage. »

Le reportage

À la défense d’Envoyé spécial, la majeure partie du reportage porte sur les dangers de la rougeole, sur le fait que cette maladie soit une des plus contagieuses connues, et sur le risque posé par un nombre relativement élevé de gens qui ne sont pas vaccinés en France — ou pire encore, en Ukraine, où une équipe de l’émission s’est rendue. Près d’un millier de cas de rougeole avaient été déclarés en France entre le 1er janvier et le 1er mai, dont un mort.

La présence du « pédiatre homéopathe » dans ce reportage avait peut-être pour but d’offrir un contrepoids aux arguments de la communauté scientifique sur la vaccination. C’est en effet une règle importante en journalisme : présenter les deux côtés de la médaille. Mais encore faut-il que ces contre-arguments soient appuyés sur du solide.

1) « Les chiffres ne sont pas tellement affolants. »

La raison, selon lui : il n’y a eu qu’un seul mort dû à la rougeole en France cette année; en comparaison, poursuit-il, davantage de gens sont morts dans les piscines, et pourtant « on n’interdit pas les piscines ».

La réaction du Détecteur : cette comparaison n’a, journalistiquement ou scientifiquement, aucune valeur. Une personne atteinte de rougeole peut en contaminer, en moyenne, une quinzaine d’autres. Le risque de décès dans les pays industrialisés est aujourd’hui estimé à 0,2 %. Par conséquent, plus vous multipliez le nombre de cas de rougeole, et plus vous augmentez les risques de décès. On voit mal comment appliquer ce processus de contamination aux piscines...

2) « Le vaccin rougeole-oreillons-rubéole n’est peut-être pas sans risque. »

La réaction du Détecteur : c’est une affirmation qui ratisse trop large. De quel risque parle-t-on et chez combien de gens ? À titre comparatif, les saignements d’estomac font partie des risques associés à l’aspirine, mais à quelle dose se produisent-ils et chez quel pourcentage de patients ? Par ailleurs, il faut rappeler que les risques du vaccin sont connus, et ce ne sont pas ceux qu’énumère le médecin dans sa phrase suivante.

3) « Les risques sont graves : méningite, ataxie, encéphalite, polynévrite… Il peut y avoir une atteinte du système nerveux. »

Le journaliste lui demande tout de suite : c’est quoi, la probabilité d’avoir des complications ? Sa réponse : « eh bien on n’en sait rien, justement. »

La réaction du Détecteur : c’est une affirmation douteuse. Les effets secondaires des vaccins sont, au contraire, dûment connus et comptabilisés, par exemple par les autorités américaines (CDC), canadiennes et françaises (INPES) de la santé. La plupart des effets secondaires de ce vaccin spécifique sont de l’ordre de la démangeaison et de la fièvre bénigne. Pour les cas les plus graves, le CDC mentionne une possibilité de quatre cas sur 10 000 de « convulsion fébrile » (des crises de quelques minutes associées à une minorité d’enfants fiévreux). Santé Canada parle d’un cas d’allergie sur un million et, plus rarement encore, d’un cas plus sérieux (choc anaphylactique). En France, l’INPES rappelle de plus que ces risques de complications sont systématiquement beaucoup plus élevés pour quelqu’un qui attrape la rougeole que pour une personne qui se fait vacciner.

Verdict

Un invité qui n’apporte rien de tangible et dont les antécédents laissaient à désirer.

 


 

Je donne
EN VEDETTE
Publicité

Les plus populaires

Appel à tous!
Publicité