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Vaccination contre la COVID oblige, les effets secondaires des vaccins sont scrutés de très près. Serait-on plus rassuré si le nombre d’effets secondaires était de zéro? Un scénario qui risque peu de se produire, rappelle le Détecteur de rumeurs.


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La plupart des effets secondaires recensés jusqu’ici avec ces vaccins sont les mêmes qu’avec le vaccin contre la grippe : douleur au site d’injection, maux de têtes, fatigue, frissons, nausée, faiblesse, fièvre, étourdissements, muscles endoloris, rythme cardiaque plus élevé.

 

Même avec un placebo

Or, il faut se rappeler que même les placebos « provoquent » des effets secondaires. Lors des essais cliniques du vaccin Pfizer/Biotech, ceux ayant reçu une première injection d’eau saline ont rapporté de la fatigue (33,4 % contre 47,4 % chez ceux ayant reçu le vaccin), des maux de tête (33,7 % contre 41,9 %), des frissons (6,4 % vs 14 %), des vomissements (1,4 % dans les deux catégories), de la diarrhée (11,7 % contre 11,1 %), et des douleurs musculaires (10,8 % contre 21,3 %).

C’est-ce qu’on appelle l’effet nocebo. Plus une personne s’attend à avoir des effets (positifs — effet placebo, ou négatifs — effet nocebo), plus elle risque d’en avoir. Ainsi, des patients qui anticipent des effets secondaires peuvent en souffrir, même s’ils ne reçoivent qu’une injection d’eau saline ou une pilule de sucre.

Dans une revue de 31 études publiée en 2012 et rapportée dans le New York Times, des chercheurs allemands ont constaté que plusieurs patients avaient abandonné les études cliniques à cause des effets secondaires, même si ceux-ci recevaient le placebo. Parmi les causes évoquées: l’anticipation d’effets indésirables, des expériences antérieures associant prise de médicaments et symptômes, le fait d’attribuer au traitement reçu des malaises ressentis par pure coïncidence dans les jours qui suivent, ou l’anxiété. Tout cela peut amener les patients à être à ce point à l’affût d’effets secondaires qu’ils les ressentiront, ou croiront les ressentir.

Cet effet nocebo peut par ailleurs survenir chez les patients qui reçoivent le vrai vaccin, ce qui rend difficile la distinction entre des effets secondaires mineurs causés par celui-ci et ceux provoqués par l’anticipation et l’anxiété, faussant par conséquent les données sur les effets indésirables des médicaments.

 

Les effets secondaires plus graves

Il ne s’agit pas de minimiser les effets secondaires qui sont plus graves et qui, eux, ne peuvent être attribués à un placebo. Le plus grave reste le choc anaphylactique, une réaction allergique qui peut être mortelle. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis recensait dans son premier bilan de la campagne de vaccination 21 chocs anaphylactiques parmi les 2 premiers millions de doses du vaccin Pfizer distribuées avant les Fêtes. Dans un second bilan (paru le 12 février) s’étendant jusqu’au 18 janvier et couvrant les vaccins de Pfizer et de Moderna, on faisait état de 66 chocs anaphylactiques sur 18 millions de doses, soit un taux de 3,6 par million (ou 0,00000003%). En comparaison, le vaccin contre la grippe génère en moyenne 1,3 choc anaphylactique par million de doses administrées.  Le polyéthylène glycol, un composé de la « capsule » de lipide qui transporte le vaccin, a été évoqué comme suspect possible pour expliquer cette différence.

Personne n’est décédé des effets secondaires liés à la campagne de vaccination aux États-Unis et, en date du 18 janvier, 32 de ces 66 personnes avaient dû être hospitalisées.

Reste que les pays surveillent de près les effets indésirables des vaccins sur leurs populations. Une étude pancanadienne auprès d’un million de patients, qui analysera les effets secondaires des vaccins contre la COVID-19, a été lancée en janvier.

 

Photo: Johns Hopkins University

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