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Les méfaits des aliments sucrés sont connus : surpoids, diabète, caries, hypertension, accumulation du gras dans le foie… Au point où plusieurs veulent s’en sevrer. Mais peut-on vivre sans sucre? Le Détecteur de rumeurs fait le point.


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Si manger est généralement un plaisir, c'est aussi une condition de notre survie. Le corps puise, dans les aliments que nous consommons, l’énergie qui lui est indispensable pour fonctionner. Et même pendant que nous dormons, il puise cette énergie dans des réserves constituées par certains organes.

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Cette énergie provient de trois grands groupes de macronutriments: les protéines, les glucides et les lipides.

Le rôle des sucres

Le corps digère les aliments en les mélangeant, dans l’estomac, au suc gastrique, un liquide acide qui contient des enzymes. Au moment de la digestion, les glucides – des sucres présents notamment dans les farineux comme le pain, les pâtes, le riz ou les céréales, en plus des fruits, légumes et sucreries— se décomposent en un autre type de sucre, appelé glucose. Celui-ci, une fois parvenu dans l’intestin, est libéré dans le sang pour nourrir les cellules.

Aussitôt présent dans le sang, le glucose peut être utilisé comme énergie ou stocké dans le foie et les muscles sous forme de glycogène. La quantité varie d’une personne à une autre, mais un homme de taille moyenne pesant 70 kg stocke environ 100 grammes de glycogène dans son foie.

Lorsque vous arrêtez de manger des glucides pendant plusieurs heures, le glycogène hépatique est décomposé en glucose et libéré dans la circulation sanguine pour empêcher la glycémie (le taux de sucre dans le sang) de tomber trop bas. Le glycogène stocké dans les muscles, bien qu’en plus grande quantité, reste dans les muscles pour répondre à leurs besoins énergétiques et ne peut pas être libéré dans la circulation sanguine pour nourrir les cellules.

Le glucose, la principale source d’énergie

Le glucose est le principal carburant du cerveau, qui a besoin d'un apport énergétique constant pour fonctionner et assurer les fonctions vitales, comme de respirer ou d’envoyer des signaux au système nerveux. Il consomme 20 % de notre énergie quotidienne. Lorsque les cellules du cerveau, les neurones, peinent à obtenir ou à utiliser ce carburant, elles fonctionnent moins bien, et peuvent mourir. Et quand des neurones meurent massivement, il y a une perte de capacité cérébrale.

Le sucre semble donc nécessaire. Sauf que le glucose n’est pas le seul carburant que le cerveau peut utiliser. Chez les personnes dont le régime alimentaire ne comporte pas suffisamment de glucides pour fournir les 110 à 145 grammes de glucose quotidien requis, ou quand le corps manque de glucides en réserve, le cerveau peut se servir des cétones pour répondre à une grande partie de ses besoins énergétiques.

La cétone, une alternative au glucose

Après 24 à 48 heures sans glucides, le niveau de glycogène dans le corps s'épuise. Le foie intensifie alors sa production de composés hydrosolubles appelés cétones, créés par la dégradation des acides gras. Les cétones sont fabriquées à partir de la graisse ingérée ou des réserves de graisse du corps. Elles peuvent ensuite traverser la barrière hémato-encéphalique pour fournir de l’énergie au cerveau.

Les chercheurs ont démontré que, pour certaines personnes suivant un régime cétogène (keto) strict, c’est-à-dire faible en glucides (aliments sucrés, pain, pâtes, riz, jus, etc.) et riches en lipides, ou gras (viande rouge, les poissons gras, fromages, beurre, avocats, noix et graines, etc.), les cétones peuvent fournir jusqu'à 50 % des besoins énergétiques de base et jusqu'à 70 % des besoins énergétiques du cerveau. Le corps doit manquer de glucides pendant au moins trois à quatre semaines avant d’atteindre cet état cétonique.

Et pour le reste des besoins énergétiques du cerveau, le foie peut produire tout le glucose nécessaire, grâce à un processus appelé gluconéogenèse, indique une revue de littérature publiée en 2019. Le foie utilise des composés provenant de la consommation de protéines et de la dégradation des graisses corporelles ou alimentaires, pour recréer le glucose.

Autrement dit, le cerveau peut répondre à toutes ses demandes énergétiques grâce au glucose stocké dans le foie, à la gluconéogenèse et à la production de cétones, et ce, que l’on ingère ou non des glucides.

Le manuel de 2005 du US Food and Nutrition Board (Dietary Reference Intakes for Energy, Carbohydrate, Fiber, Fat, Fatty Acids, Cholesterol, Protein, and Amino Acids) indique d’ailleurs que «la limite inférieure de glucides alimentaires compatibles avec la vie est apparemment nulle, à condition que des quantités adéquates de protéines et de graisses soient consommées».

Toutefois, les personnes qui consomment beaucoup de glucides et qui décident de couper le sucre doivent traverser une période d’adaptation. Le cerveau n’étant pas habitué à utiliser les cétones, le glucose restera pendant quelque temps sa principale source de carburant, en puisant dans les réserves du corps. Une fois que le corps sera adapté à une alimentation à très faible teneur en glucides ou sans glucides, le cerveau utilise des cétones pour répondre à une grande partie de ses besoins énergétiques, et le foie devrait produire autant de glucose que nécessaire pour couvrir le reste, selon une étude publiée en 2017.

Verdict

Le cerveau a besoin de glucose. Toutefois, ce glucose n’a pas besoin de provenir uniquement des glucides, il peut être produit par le foie. Manger du sucre pour alimenter le cerveau et fournir l’énergie aux muscles est une option, pas une exigence. Bien qu’éliminer toute trace de sucre de notre alimentation semble difficile puisqu’on en trouve partout, même dans certains légumes.

Crédits photos : © Yana Tatevosian | Dreamstime.com

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