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En fin de semaine, on dénombrait au moins 100 cas du variant B.1.351, aussi connu comme le variant sud-africain, en Abitibi-Témiscamingue. Le Détecteur de rumeurs a voulu vérifier si cela en faisait la région la plus touchée en Amérique du Nord.


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La source de l’inquiétude

Le 18 mars 2021, un article du Montreal Gazette affirmait qu’« il apparaitrait que l’Abitibi-Témiscamingue est non seulement le seul point chaud pour le variant B.1.351 au Québec, mais peut-être dans tout le Canada, et même aux États-Unis ».

Le B.1.351 a été observé pour la première fois en décembre en Afrique du Sud. Avec ses cousins du Royaume-Uni et du Brésil, il est l’un des 3 variants les plus surveillés ces dernières semaines, appelés « variants préoccupants ». Et il a été suggéré que certains des vaccins seraient moins efficaces contre lui.

 

Un nombre de cas élevé

Il est certain que le nombre de cas confirmés en Abitibi est anormalement élevé. Le 28 mars, le Québec entier dénombrait 107 cas, dont 100 en Abitibi-Témiscamingue. Ailleurs au Québec, le variant le plus dominant —et en croissance continue— reste celui du Royaume-Uni, avec près de six fois plus de cas confirmés, la majorité à Montréal.

En comparaison, en date du 28 mars, le Canada dénombrait 269 cas provoqués par le variant sud-africain. Aux États-Unis, le Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) n’en avait retracé que 288. Là-bas, c’est la Caroline du Sud qui reste l’État le plus touché depuis le début de mars, mais on n’y compte que la moitié des cas de l’Abitibi, malgré une population de 5,1 millions d’habitants.

Cette forte incidence d’une lignée virale plus agressive est préoccupante, mais elle s’explique. Les cas déclarés en Abitibi-Témiscamingue sont, en effet, liés jusqu’ici à une ou quelques éclosions précises : cela signifie qu’ils sont reliés entre eux, rappelle Sandrine Moreira, responsable de la génomique au Laboratoire de santé publique du Québec. « Ce serait une situation différente si on avait une transmission communautaire importante, partout sur le territoire ».

 

Des comparaisons difficiles

La comparaison entre les provinces ou pays reste toutefois délicate, parce que la façon d’identifier les variants et de les compiler varie.

Deux méthodes permettent de détecter s’il s’agit d’un variant : le criblage et le séquençage. Le séquençage consiste à analyser la séquence génétique complète du virus, à la recherche de mutations. Le criblage consiste à rechercher des mutations spécifiques, à des endroits précis du virus, que l’on sait déjà être caractéristiques d'un variant. Le criblage est donc plus rapide, mais le séquençage reste nécessaire pour avoir une certitude, voire pour repérer des variants encore inconnus.

Au Canada, les procédures de criblage diffèrent d’une province à l’autre, de même que la façon de déclarer les cas. Certaines provinces comme l’Ontario vont rapporter un variant seulement après le séquençage complet, d’autres, comme l’Alberta, dès le criblage. « Comme la situation est en constante évolution, c’est difficile de savoir où on en est dans chaque province », constate Mme Moira.

Aux États-Unis aussi, le CDC avertit que les cas de variants identifiés ne représentent pas le nombre total de cas en circulation. Ainsi, le CDC rapportait 58 cas de variants sud-africain en Caroline du Sud, mais les autorités sanitaires de cet État en dénombraient 61, le 24 mars.

 

Un décalage dans le temps

La comparaison entre régions est aussi rendue difficile par les délais de séquençage. Le processus peut prendre jusqu’à trois semaines. Et ces délais peuvent s’allonger, en cas de pénurie de réactifs, alors que les compagnies qui les produisent subissent la pression des laboratoires du monde entier.

 

Les inquiétudes: transmissibilité et efficacité des vaccins

Il faut se rappeler que si on surveille aussi étroitement les variants, c’est parce qu’ils sont plus contagieux. Les études à ce sujet sont encore fragmentaires, mais le variant du Royaume-Uni, le plus étudié jusqu’ici, est jugé là-bas de 30 à 50% plus contagieux que la souche qu’il a remplacée.

Des inquiétudes persistent également quant aux vaccins: des études non révisées par les pairs ont suggéré que certains d’entre eux seraient moins efficaces contre la lignée sud-africaine. La lignée brésilienne suscite de semblables inquiétudes. Dans les deux cas toutefois, beaucoup de zones d’ombre subsistent.

 

Photo: PixxlTeufel / Pixabay

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