Emballage de pilules contraceptives

Personne ne sera surpris d’apprendre que les « influenceurs » ne donnent pas de bons conseils de santé. Mais voilà qu’on découvre les limites de leurs conseils sur la  contraception.

Une étudiante au doctorat en communication de la santé a suivi 50 chaînes sur YouTube où des « vlogueurs » parlent de santé. Elle s’est particulièrement intéressée aux conseils qu’ils, et surtout elles, avaient donnés, en 2020 et 2021, sur les moyens d’empêcher une grossesse. Ce qu’elle y a trouvé : dans les trois quarts des cas, la recommandation d’interrompre les contraceptifs hormonaux et de les remplacer par différentes méthodes jugées plus « naturelles ». Sauf que ces recommandations, écrit Emily Pfender, de l’Université du Delaware, sont basées essentiellement sur « l’expérience personnelle » de ces « influenceuses », plutôt que sur des données probantes.

« Ce qui rend les influenceurs si convaincants », déclare la doctorante en entrevue au magazine Mashable, c’est que les gens s’identifient à eux. Ils les trouvent « authentiques » —ce qui est généralement la raison pour laquelle on s’attache à une vedette, qu’elle soit une célébrité de la chanson… ou de YouTube. Les gens qui écoutent leurs conseils de santé se disent « si ça marche pour eux, ça doit marcher pour moi ».

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Il faut savoir que si les contraceptifs hormonaux sont efficaces dans des proportions allant de 90 à 99%, les méthodes dites « naturelles » peuvent être, tout dépendant de la méthode utilisée, efficaces seulement 3 fois sur 4. Un détail, reproche l’étude, que les influenceuses ne précisent pas souvent. Et encore, cette proportion ne s’applique pas, dans le cas des méthodes « naturelles » qui impliquent un suivi du calendrier, aux femmes qui ont un cycle menstruel irrégulier. De la même façon, certaines méthodes ne fonctionnent bien que si les lignes directrices sont respectées à la lettre, comme les mesures de la température du corps au repos, prises chaque jour à la même heure.

L’étude, parue le 16 janvier dans Health Communication, rappelle que ces influenceuses sont particulièrement populaires auprès des adolescentes et des jeunes adultes en quête d’informations sur leur sexualité. De plus, tout cela s’inscrit dans un contexte où des inquiétudes sont apparues sur les effets secondaires des contraceptifs hormonaux, en particulier la pilule —d’où un intérêt croissant, noté dans plusieurs recherches et sondages dans la dernière décennie, pour des méthodes « non-hormonales ».

Le moins populaire des 50 comptes YouTube analysés avait 20 000 abonnés. Le plus populaire, 2,2 millions. La moyenne était de près de 400 000 abonnés.

 

Photo: Wikimedia commons (CC-BY-SA-2.0-FR)

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