Depuis l’Accord de Paris, en 2015, les choses se sont améliorées lorsqu’on considère les projections de l’augmentation des températures pour les prochaines décennies. Mais la marche est encore haute pour corriger le tir.
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Selon la 16e édition annuelle du Emissions Gap Report, consacré à l’écart entre les promesses de réduction des gaz à effet de serre et la réalité, si tous les pays respectent leurs cibles de réduction, la température moyenne de la planète aura augmenté, en 2100, de 2,3 à 2,5 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle. Toutefois, si on analyse de façon plus réaliste les vraies politiques actuelles de ces pays, l’augmentation sera plutôt de 2,8 degrés.
Publié le 4 novembre par le Programme des Nations unies sur l’environnement, ce rapport est remis à jour chaque année à l’approche de la conférence des Nations unies sur le climat, qui s’ouvre le 10 novembre au Brésil.
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Si les experts constatent des avancées encourageantes, c’est parce qu’ils se reportent au moment de l’Accord de Paris, en 2015: c’est à ce moment que tous les pays du monde s’étaient entendus sur l’obligation de soumettre des cibles de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. L’Accord de Paris était, juridiquement, non contraignant, ce qui veut dire qu’aucun pays ne serait pénalisé s’il n’atteignait pas ses cibles, mais les négociateurs avaient au moins obtenu, de cette façon, une forme de transparence et un engagement minimal.
Or, au moment de l’Accord de Paris, si on se fiait aux —rares— promesses de réduction qui étaient à ce moment sur la table, on projetait une augmentation de la température oscillant entre 3,7 et 4,8 degrés Celsius pour 2100. L’obligation de soumettre des cibles n’a donc pas seulement eu pour conséquence une plus grande transparence, elle a aussi permis de resserrer la fourchette des prédictions pour 2100: ces prédictions peuvent désormais s’appuyer sur des engagements concrets.
Par ailleurs, un facteur de progrès depuis 2015 a été l’abaissement des prix: la facture de l’énergie produite par le solaire a diminué de 90% en 10 ans, et celle de l’éolien, de 70%.
Si c’est un progrès, il n’en demeure pas moins que 2,8 degrés de plus qu’au 19e siècle, cela représente un saut dans un territoire inconnu. La planète n’a pour l’instant gagné que 1,3 ou 1,4 degré, et pourtant, on observe d’ores et déjà des impacts irréversibles, depuis les calottes glaciaires jusqu’aux récifs de coraux. Il est devenu mathématiquement possible d’attribuer aux changements climatiques en cours des canicules, des inondations, des sécheresses ou des feux de forêt. Personne n’est en mesure de dire quelle ampleur prendront ces événements si on atteint 2 degrés ou 2,8 degrés.
Dans une analyse parue le 29 octobre, une équipe internationale de scientifiques —qui s’était livrée au même exercice en 2020— prévient que les efforts de réduction d’émissions restent grandement insuffisants: « les signes vitaux de la planète sont au rouge ». Ils rappellent que 2024 n’a pas seulement été l’année la plus chaude depuis que de telles mesures sont prises, mais probablement l’année la plus chaude en 125 000 ans. Et des données récentes suggèrent que le réchauffement serait en train de s’accélérer. Les stratégies d’adaptation et d’atténuation des impacts doivent en tenir compte et pour l’instant, déplorent ces chercheurs, les politiques publiques de la plupart des pays ne sont pas à la hauteur.





