Depuis son retour au pouvoir le 1er janvier 2023, le président Luiz Inácio Lula da Silva a en effet rendu plus difficiles les coupes illégales par les fermiers ou les compagnies minières. De telles restrictions remontent en fait aux années 2010, mais avaient été essentiellement mises de côté pendant le règne du président Jair Bolsonaro (2019-2022). Résultat, la déforestation de l’Amazonie est, au Brésil, à son plus bas niveau depuis plus d’une décennie, selon Seneca ESG, organisme américain en gestion de données sur le développement durable.  

Et le résultat se mesure en gaz à effet de serre: les émissions du Brésil auraient diminué de 16,7% en 2024, selon l’Observatoire du climat, une coalition d’organismes environnementaux brésiliens. 

La promesse du gouvernement Lula est de mettre fin à la déforestation d’ici 2030. Un objectif qui risque toutefois de se heurter à l’opposition des agriculteurs —qui cherchent à augmenter leurs terres— et à celle des industries d’exploitation forestière et minière. 

Y a-t-il un seuil de non-retour pour l’Amazonie, comme il y en a un pour les glaces de l’Arctique, c’est-à-dire un seuil de coupes au-delà duquel la régression de la forêt deviendrait irréversible? C’est le scénario-catastrophe évoqué par les chercheurs depuis quelques années: la transformation de l'Amazonie en une savane. 

C’est que l’Amazonie est une forêt dite « humide », en raison des précipitations abondantes. Or, une partie importante de cette humidité provient de l’évaporation des sols et de la transpiration des plantes. Plus on coupe des arbres, plus on court le risque d’enrayer cette mécanique : passé un certain seuil, le cercle vicieux de l’assèchement serait enclenché. De moins en moins d’arbres qui poussent et un écosystème qui se transforme en une savane.