Nobel-médaille

C’est la semaine où on parlera abondamment des Nobel de science. Ils constituent sans aucun doute les récompenses les plus célèbres. Mais ces prix ont-ils des concurrents?

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Prix Breakthrough, prix Turing, prix Kavli… Le premier offre une plus grosse somme d’argent, les deux autres ciblent des disciplines traditionnellement délaissées par les Nobel. Aucun n’approche de très loin le niveau de visibilité médiatique des Nobel. Mais ça ne signifie pas pour autant qu’ils sont regardés de haut par la communauté scientifique. 

Au contraire, note la revue Nature dans un reportage récent, l’un des problèmes des Nobel —signalés depuis plusieurs années— est qu’ils « laissent dans l’ombre plusieurs disciplines scientifiques, comme les mathématiques, les technologies ou les sciences du climat ». Les trois Nobel de science remis depuis 1901 —médecine, chimie et physique— renvoient en effet à des catégories qui étaient centrales à l’enseignement des sciences il y a un siècle et demi... mais le savoir a beaucoup évolué depuis. 

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La planétologue Sara Seager —une autre discipline laissée dans l’ombre par les Nobel— elle-même gagnante du prix Kavli 2024 en astrophysique, donne l’exemple du mathématicien et météorologue Edward Lorenz, dont le travail a permis d’élucider la théorie du chaos, mais n’entrait dans aucune des « cases » des trois prix Nobel. 

Les prix Breakthrough, créés en 2002, récompensent des recherches en mathématiques, physique fondamentale et sciences de la vie. Ce sont eux qui se font le plus souvent reprocher de vouloir enlever un peu de leur notoriété aux Nobel. À défaut d’y arriver d’un point de vue médiatique, ils y arrivent par la récompense de 3 millions$, la plus élevée de tous les prix remis en science. Ces prix sont financés par une fondation mise sur pied en partie, à l’origine, par les grands patrons de Facebook et de Google.

Les mathématiciens en avaient déjà pris leur parti il y a près d’un siècle, eux qui qualifient la Médaille Fields, créée en 1936, de « Nobel des mathématiques ». 

L’un des plus gros défauts des Nobel est qu’ils remettent des prix à des chercheurs dont le plus gros de la carrière est depuis longtemps derrière eux. Ils ne récompensent en effet pas des percées scientifiques récentes, mais des percées dont on peut démontrer, avec le recul du temps, qu’elles ont eu un impact à long terme: dans le langage du Comité Nobel, ces prix sont destinés à « ceux qui auront apporté les plus grands bienfaits à l’humanité ». Résultat, en moyenne, le temps écoulé entre la publication d’une très importante recherche et sa reconnaissance par un prix Nobel était d’une quinzaine d’années au début du 20e siècle. Il approche aujourd’hui les 30 ans. Et c'est une moyenne: à titre d'exemple, les contributions des trois gagnants du Nobel de chimie 2023 remontaient à 30 ans pour deux d’entre eux et à 40 ans pour le troisième. 

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