Laurie Rousseau-Nepton_ONF

Le parcours hors du commun de Laurie Rousseau-Nepton, jeune astrophysicienne québécoise d’origine innue a de quoi surprendre.  Elle s’exprime, dans une minisérie produite par l’Office National du Film (ONF) et offerte sur le Réseau internet, sur la place des femmes et des personnes issues de la diversité dans les sciences et livre un portrait très inspirant.

La série documentaire Étoile du Nord (ONF) de Patrick Bossé a été tournée en 2020 et 2021, au Québec dans la Réserve faunique Ashuapmushuan à Wendake avec des incursions au Mont-Mégantic et à Hawaii.  Le projet est né d’une rencontre quelques années auparavant entre le réalisateur de l’ONF et cette jeune astrophysicienne pour parler des débris spatiaux.  ‘’Nous avons ensuite parlé du travail et de la place des femmes en science et des longues études nécessaires afin d’obtenir un doctorat, puis de mon cheminement particulier en tant qu’autochtone’’ ajoute Laurie Rousseau-Nepton lors de notre entrevue.

Nous pouvons dire au visionnement de la série, que le produit final illustre à merveille le cheminement unique de Laurie Rousseau-Nepton, tant le propos que le fil des images qui est   saisissant. Les cinq courts épisodes de la série abordent tant sa formation générale, ses expériences à l’Observatoire du Mont-Mégantic et au Télescope Canada-France-Hawaii comme astronome résidente, que ses origines et ses réalisations.

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’Là où l'on va attendre l’orignal’’, signification en langue innue du nom de la Réserve faunique Ashuapmushuan, est le point de départ de l’histoire de l’astrophysicienne. Ses origines amérindiennes et son intérêt pour les études se fondent ensemble.  ‘’Je me posais des questions sur le ciel avec mon père, durant les Perséides, sur le lac, loin de la pollution lumineuse ou pendant certaines aurores boréales…car je trouvais ça mystérieux’’.  Initiée jeune à la chasse, cette activité a développé une conscience de son environnement et son sens de l’observation, lequel est à la base de la recherche en science.  ‘’J’utilise autant le Soleil pour me repérer en période de chasse que l’étudier en tant que scientifique’’. 

En classe, son intérêt marqué pour l’astronomie commence en quatrième année lors de son exposé sur le système solaire. ‘’Je montrais des cartes de planètes et mon professeur m’a laissé parler à la classe pendant 45 minutes…’’ Avec cette affirmation, Laurie Rousseau-Nepton nous esquisse un sourire à la fois de fierté et de complicité. Et son attrait s’amplifie lors de son passage au collégial. ‘’Au CÉGEP, j’ai pris un cours optionnel sur l’évolution de l’univers et les étoiles à neutrons puis ça été l’explosion en astronomie à l’Université Laval de Québec’’.

En tant que scientifique, elle a fait ses premières armes à l’Observatoire du Mont-Mégantic, observatoire astronomique universitaire et centre de recherche, unique au Canada. Elle y a testé, entre autres, de nouveaux prototypes d’instruments en astronomie.  Ensuite, ses recherches l’ont menée au sommet de l’immense volcan endormi qu’est le MaunaKea, où se trouve le Télescope Canada-France-Hawaii (CFHT), sur la Grande Ile à Hawaii. Le MaunaKea est reconnu par la communauté autochtone d’Hawaii comme une montagne sacrée et la région des dieux. Ce statut impose le respect et inspire l’astrophysicienne d’origine innue, « ce qui rejoint mon profond respect de la nature et de ses nombreuses significations… »  Dans la cosmologie innue, les personnes viennent des étoiles sur Terre et y retournent à leur mort.

L’intérêt de cette minisérie est multiple. Outre de faire connaitre une jeune scientifique « pionnière autochtone de l’astronomie », il permet une incursion au niveau du savoir autochtone en matière d’astronomie et est une invitation pour les jeunes à s’intéresser à ce domaine. L’implication de l’astrophysicienne dans diverses activités touchant la relève explique le désir que la minisérie rejoigne les étudiants du niveau secondaire. À cet effet, un guide pédagogique pour les enseignants est en préparation.  Ce désir est également partagé par le réalisateur selon le producteur de la série Étoile du Nord, Pierre Mathieu Fortin. Il affirme que le réalisateur voulait sortir Laurie Rousseau-Nepton de son laboratoire et rendre la série accessible et ludo-éducative considérant le sujet scientifiquement pointu.  « La formule de minisérie de 15 minutes s’inscrit bien en classe avec le guide pédagogique et Laurie est la personne parfaite et inspirante pour intéresser les jeunes aux sciences ».

« L’Étoile du Nord », Laurie Rousseau-Nepton, continue de briller au firmament. Simultanément, elle poursuivra l’étude des étoiles avec d’autres astrophysiciens mondiaux, par l’entremise du projet Signal, créée au CFHT, et agira comme professeure assistante à l’Université de Toronto, cet automne. Elle y sera responsable d’un laboratoire de recherche où de nouveaux prototypes d’instruments en astronomie seront testés. Cette étoile montante, dans le monde encore trop masculin de la recherche en astronomie, n’a pas fini de faire parler d’elle et de ses passions!

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