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La déferlante de fausses nouvelles à la fin de 2016 a obligé Facebook et Google à faire un examen de conscience sur leur influence. Or, si on commence à comprendre comment fonctionne l’algorithme de Facebook, on réalise moins à quel point celui de Google rend facile pour un site pseudoscientifique de se glisser très haut dans les résultats de recherche. Illustration en trois recherches.

Commencez à taper la phrase « vaccin cause... » et voici à peu près les choix que Google vous propose:

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Et vos pires craintes se réalisent quand vous cliquez sur « vaccin causent autisme »: en anglais, les trois premiers choix sont des sites qui défendent cette théorie discréditée (le texte de WebMd, en quatrième place, s'en désole)

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Deuxième essai: l’évolution. Comme on n’est pas en santé publique, le début de phrase « L’évolution est » apporte des suggestions moins... troublantes.

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Mais si on pose à Google la question « L’évolution est-elle scientifiquement prouvée », certaines des suggestions de lectures feront frémir un bibliothécaire. Un site religieux, de bons reportages journalistiques et Wikipédia, encadrent un site résolument créationniste.

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D'aucuns rétorquent que ce ne sont que des résultats de recherche Google et que les gens sauront faire la part des choses, dès lors qu’ils savent qu’un sujet est controversé. Il est permis d’en douter, pour deux raisons :

  • un nombre indéterminé de gens ne dépasse jamais les premiers résultats de recherche
  • seulement un tiers des adolescents, selon une recherche de 2015, fait la différence entre un résultat de recherche Google et une annonce Google; l'étude ne le dit pas, mais ils pourraient avoir encore plus de mal à distinguer un site fiable d’un site douteux, si les deux s'entremêlent parmi les premiers résultats de recherche.

Ces jeunes ne se rendront-ils pas compte qu'il s'agit d'un site au contenu douteux dès qu'ils auront cliqué dessus? Pas si sûr : on a justement appris en novembre dernier que selon une étude de l’Université Princeton, la majorité des adolescents seraient incapables de repérer une fausse nouvelle.

Troisième et dernier exemple: les chemtrails. Soupir de soulagement ici, de découvrir qu’après Wikipédia, c’est un texte de l’Agence Science-Presse qui sort en deuxième place. Juste devant, par contre, un texte 100% conspirationniste.

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À sa défense, Google a entrepris une démarche correctrice cet hiver : 550 sites ont été éliminés de son réseau de publicités. On ignore combien l’ont été pour cause de désinformation, mais il faut noter que ça ne les élimine pas de l’algorithme de recherche : ça limite juste leur capacité à aller chercher des revenus.

Google a par ailleurs créé en octobre une Fact Check Tag, étiquette qui était destinée à signaler des sites de fausses nouvelles, lors des élections américaines, et qui est censée servir à nouveau en France et en Allemagne en vue des élections cette année. Rien ne prouve toutefois qu’une étiquette destinée à des sites qui inventent de toutes pièces des informations pourrait servir à des sites qui défendent une idéologie. Un site climatosceptique par exemple, pourrait en théorie contourner l’obstacle sans diffuser de fausses nouvelles, en se contentant d’émettre des opinions. Mal fondées, mal fouillées, réductrices, mais qui n’en demeureraient pas moins de « simples » opinions. Faudrait-il prévoir une étiquette « opinion »?

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