Les archéologues accumulent en tout cas de plus en plus de preuves à l’effet que les sociétés et les villes qui existaient alors étaient plus complexes qu’on ne le croyait, dans une vaste région allant des steppes russes jusqu’à la péninsule arabique. Autrement dit, une région où on trouve aujourd’hui des pays tels que l’Iran, l’Afghanistan ou le Turkmenistan.
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Or, si ces pays ont été moins visités par les archéologues occidentaux, ce n’est pas seulement en raison des troubles politiques récents. C’est parce que, depuis aussi loin que le XIXe siècle, ces archéologues ont pratiquement tous été attirés par les vallées, telles des mouches attirées par des flammes : le Nil, l’Euphrate, l’Indus. Pendant ce temps, les oasis lointaines et les rivières des hauts plateaux d’Asie centrale, demeuraient des terra incognita.
Les choses commencent à changer, puisque lors du dernier congrès de l’Association internationale pour l’étude des civilisations anciennes, qui avait lieu en juillet en Italie, plusieurs de ces archéologues ont pu comparer leurs découvertes et confronter leurs hypothèses. Le travail ne fait que commencer, mais une chose est d’ores et déjà établie : chaque centre urbain —des dizaines entre la Mésopotamie et l’Inde— où ont lieu des fouilles révèle que les échanges commerciaux étaient déjà fructueux il y a 5000 ans.
« Au cours des trois derniers siècles du 3e millénaire avant Jésus-Christ, le plateau iranien était un endroit incroyablement dynamique », affirmait récemment dans Science Holly Pittman, archéologue à l’Université de Pennsylvanie.
Une ville retient en particulier l’attention : située au Sud de l’actuelle ville de Jiroft, en Iran, elle semble avoir été capable de rivaliser avec la bien plus célèbre ville d’Ur —la patrie d’Abraham— située au Sud de l’actuel Iraq, près du Golfe Persique (voir la carte).
Il y a 4500 à 5000 ans, Jiroft, dominée par une grande citadelle, s’étendait sur 2 kilomètres carrés. On y a trouvé des biens provenant de Mésopotamie et plus encore provenant de l’Indus, comme quoi les routes commerciales passaient bel et bien par là. Des récipients sculptés dans la pierre noire révèlent un style artistique qui pourrait être à l’origine du « style interculturel » d’origine inconnue, identifié jadis à Ur et aux rives du Golfe Persique.
Mais si les hypothèses des archéologues sont exactes, alors pourquoi ces sociétés complexes de l’Asie centrale se sont-elles effondrées, tandis que celles des vallées proliféraient? À partir du 2e millénaire avant J.C., il n’y a pratiquement plus de traces d’habitations dans le plateau iranien. Même les métropoles de l’Indus, vers 1800, semblent en déclin. Manifestement, la région a encore bien des mystères à révéler...