
L’information en santé est mise sur pause: la nouvelle administration Trump a ordonné le 21 janvier à toutes les agences gouvernementales en santé de suspendre, pour un temps indéterminé, toutes leurs « communications externes », ce qui inclut les conseils sanitaires, les alertes, les rapports hebdomadaires envoyés aux hôpitaux et les messages sur les réseaux sociaux. Le 22 janvier, s'ajoutait à cela l'annulation de toute une série de rencontres scientifiques.
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Ces communications incluent des informations générales destinées au grand public ou spécialisées à l’intention des médecins ou des administrateurs. Il peut s’agir autant de conseils et de recommandations que de décisions à prendre rapidement en fonction des priorités sanitaires du moment —par exemple, en lien avec la grippe aviaire qui frappe de plus en plus d’élevages bovins.
Quant aux rencontres scientifiques annulées, il s'agit par exemple des réunions de février des départements des National Institutes of Health (NIH) —le principal organisme subventionnaire de la recherche en santé— qui sont chargés de passer en revue les demandes de subventions, ou de la prochaine réunion, qui était prévue les 20-21 février, du Comité national aviseur sur les vaccins, chargé de conseiller à intervalles réguliers la direction du ministère de la Santé. Une suspension « immédiate et d'une durée indéfinie » des voyages a également été annoncée à travers les NIH, ce qui inclut les chercheurs qui s'apprêtaient à aller présenter leurs recherches en congrès.
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Ces instructions de la nouvelle administration n’ont pas fait l’objet d’une annonce publique. La mise sur pause des communications externes a été révélée par plusieurs médias dans la journée de mardi, et l'annulation des rencontres a été constatée par le magazine médical STAT et confirmée par la revue Science. La durée de la « pause » n’a pas été précisée. Un court temps d'arrêt pourrait simplement signifier, selon le Washington Post, que les nouveaux venus de l'administration Trump n’étaient pas prêts à assumer leurs nouvelles fonctions et souhaitaient se familiariser avec ces contenus. Mais une plus longue pause pourrait avoir de réelles conséquences sur les décisions urgentes que doivent prendre au jour le jour des médecins et des administrateurs d'hôpitaux, et qui ont un impact sur la vie et la santé de leurs patients.
Parmi les communications les plus connues de l’écosystème international de la santé, figure le rapport hebdomadaire du Centre de contrôle des maladies (CDC) appelé Morbidity and Mortality Weekly Report (MMWR). Il s'agit d'une infolettre qui, depuis 1930, effectue un survol des dernières informations, recherches et suivis, en épidémiologie. Il s’adresse à l’ensemble du personnel de la santé —pas seulement aux États-Unis. Un autre exemple est le Health Alert Network du CDC, lui, s’adresse aux médecins et signale les dernières alertes en santé publique —si, par exemple, les surdoses causées par un type particulier de drogue sont à la hausse.
L'interruption temporaire du MMWR est le symbole que quelque chose d'inhabituel est en train de se passer, ont réagi jeudi et vendredi plusieurs observateurs. Si une interruption temporaire des communications n'est pas anormale lorsqu'une nouvelle administration entre à la Maison-Blanche, en revanche, le MMWR avait poursuivi ses publications hebdomadaires de façon ininterrompue depuis au moins trois décennies, note le Bulletin of the Atomic Scientists.
En 2020, au début de la pandémie de COVID, l’administration Trump avait souhaité mieux contrôler les messages des agences de santé, au point où il avait été suggéré de réviser les rapports du CDC pour qu’ils « s’alignent » mieux aux messages du président.
Mise à jour
Le 27 janvier, dans un mémo envoyé aux directions des 27 centres et instituts qui constituent les NIH, il était précisé pour la première fois que les études en cours pouvaient se poursuivre, mais qu'il n'était pas possible de communiquer à leur propos tant que le gel des communications restait en vigueur. Le même jour, l'agence de presse Associated Press révélait que, la veille, les directeurs du Centre de contrôle des maladies (CDC) avaient reçu une directive enjoignant de cesser immédiatement toute collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La Maison-Blanche a annoncé le retrait des États-Unis de l'OMS, mais celle-ci n'entrera en vigueur que dans un an.
Cet article a été modifié le 22 janvier en soirée dans les paragraphes 1, 3 et 4 avec l'ajout de l'information sur les annulations de rencontres scientifiques.
Cet article a été modifié le 24 janvier avec l'ajout de l'avant-avant-dernier paragraphe sur les réactions à cette interruption.
Une mise à jour a été faite le 27 janvier (dernier paragraphe)