
On parle beaucoup des éclosions de rougeole aux États-Unis et au Canada, mais le problème est plus large: au cours des années 2010, on a assisté à un recul du taux de vaccination dans 21 des 36 pays riches. Et la pandémie a amplifié le problème.
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Les vaccins dits « de routine » avaient empêché 154 millions de décès d’enfants au cours des 50 dernières années, si on compare la période « avant » et « après » les campagnes massives de vaccination, notamment contre la rougeole, la tuberculose et la polio. Toutefois, ces efforts ont plus récemment ralenti, selon le dernier rapport annuel d’un groupe international de suivi de l’évolution des maladies et des facteurs de risque (Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors). Le rapport, paru le 24 juin dans la revue médicale The Lancet, s’appuie sur des données qui s’arrêtent à 2023.
Si on compare 1980 à 2023, les résultats sont, en apparence, encourageants: la proportion d’enfants de moins de un an qui ne sont pas vaccinés contre la coqueluche et la diphtérie a chuté de 75%. Mais si on regarde les données de plus près, on s’aperçoit que de 2010 à 2019, il y a eu ralentissement, stagnation ou même, dans certains cas, recul. Et par la suite, « la pandémie de COVID-19 a exacerbé ces défis, avec des taux globaux pour ces vaccins qui ont décliné de façon significative depuis 2020, et qui n’étaient toujours pas, en 2023, revenus à leurs niveaux pré-pandémiques ».
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Comme des chercheurs et des médecins l’avaient déjà noté, c’est parfois un problème de pure logistique: la pandémie a, dans plusieurs pays, perturbé les campagnes de vaccination infantile. Davantage de gens sont restés à la maison, ou n’ont pas eu accès aux soins de santé.
Mais la tendance à la baisse notée dès les années 2010 tient à un autre facteur: la désinformation. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait identifié dès 2019 la désinformation comme « la principale menace à la santé publique ».
L’étude ne s’aventure pas sur le terrain politique, mais des médias cette semaine n’ont pas manqué de le faire: CNN note par exemple que « les efforts de vaccination aux États-Unis et dans d’autres régions peuvent ralentir encore plus, sous une nouvelle administration », une allusion aux prises de décision controversées du nouveau ministre de la Santé et d’autres hauts-fonctionnaires du gouvernement Trump.
Les auteurs de la recherche, eux, se contentent dans leur conclusion de garder un oeil sur la cible de 2030 que s’était fixée l’OMS en 2019: augmenter la couverture vaccinale à travers le monde. « Atteindre 90% de couverture globale » pour le vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche, pour celui contre le pneumocoque et pour celui contre la rougeole, « nécessitera des progrès accélérés », écrivent diplomatiquement les chercheurs.