
Pendant des années, Robert F. Kennedy Jr a défendu l’idée que les vaccins causent l’autisme. Ces derniers jours, alors qu’on apprenait que son ministère s’apprêtait à dévoiler un rapport qui prouverait soi-disant que c’est plutôt le Tylenol qui cause l’autisme, les antivaccins étaient furieux. Ça n'a pas duré longtemps.
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« Nous n’avons pas attendu 20 ans pour que Bobby puisse enfin parler, et nous faire servir le Tylenol comme réponse », a-t-on pu lire lundi matin sur la page Facebook du groupe antivaccin Georgia Coalition for Vaccine Choice. « Sommes-nous juste censés oublier? »
Même indignation du côté du groupe antivaccin que RFK lui-même a longtemps dirigé, Children’s Health Defense. Lundi, celui-ci a partagé sur Twitter un message de parents qui blâment erronément les vaccins pour la condition neurologique de leur enfant, avec la mention, en majuscules: « Ceci n’a pas été causé par le Tylenol ».
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Mais ils ne sont pas restés furieux longtemps. Lundi après-midi, au cours d’une conférence de presse tenue en présence de RFK, le président Trump a effectivement « annoncé » que l’agence fédérale en charge de réglementer les médicaments (la FDA) allait recommander aux médecins de cesser de prescrire du Tylenol aux femmes enceintes, parce que ce médicament serait responsable d’une augmentation des cas d’autisme. Aucune étude n’a été mentionnée pour appuyer cette affirmation.
Mais le président a également fait allusion de façon oblique aux vaccins, en faisant allusion, de façon parfois incohérente, à plusieurs des mythes. Il a par exemple appelé à réexaminer le lien entre vaccins et autisme, mais sans donner plus de détails. Cette hypothèse a été maintes fois étudiée depuis 30 ans, et toutes les études ont abouti à une absence de lien.
Il a également glissé d’autres phrases sans les développer mais qui ont rassuré les groupes antivaccins :
- Une allusion au fait que les enfants recevraient « trop de vaccins » : il a parlé de « 80 vaccins », alors qu’il n’y en a que 15 aux États-Unis, tout en comparant cela à ce qu’on injecte aux chevaux.
- Une allusion à la communauté Amish, qui ne connaîtrait pas l’autisme —des recherches ont au contraire démontré l’existence de l’autisme chez les Amish.
- Une allusion au mercure et à l’aluminium qui seraient dans les vaccins alors qu’ils n’y sont plus.
- Une allusion, sans plus de précision, à la possibilité d’espacer les vaccins ou de les retarder : le calendrier de vaccination infantile fait effectivement partie des choses que RFK a maintes fois critiquées, et le comité gouvernemental sur les vaccins, où il a remplacé les experts par des non-experts, serait en train de réécrire ce calendrier, avec la possibilité d’en éliminer certains vaccins.
« Les doutes que le président encourage sur la vaccination infantile, a résumé en soirée le magazine médical STAT, pourraient avoir des conséquences monumentales pour le contrôle des maladies infectieuses aux États-Unis. »
« Je ne suis pas médecin », a par ailleurs glissé Trump lors de la conférence de presse.« Mais je donne mon opinion. »
« Je fais ces déclarations pour moi », a-t-il dit à un autre moment, en référence au fait que les agences du gouvernement pourraient, elles, émettre des recommandations plus prudentes. « Je ne suis pas aussi prudent avec ce que je dis. »
« Nous ne savions pas qu’il allait vraiment toucher aux vaccins, et il n’en avait que pour ça », s’est réjouie après la conférence de presse la présidente du groupe antivaccin Children’s Health Defense. « Je suis heureuse de dire qu’il a essentiellement donné aux parents la permission de ne pas vacciner leurs enfants. »
Les contradictions
Lundi, la FDA en a profité pour annoncer qu’elle approuvait l’usage d’un vieux médicament, la leucovorine, pour traiter l’autisme chez certains enfants. Le médicament est utilisé pour contrer les effets secondaires de la chimiothérapie, mais pour ce qui est de l’autisme, la FDA a cité une seule étude, ayant porté sur 40 enfants. Un choix qui semble en contradiction avec l’attitude de RFK face aux vaccins qui, selon lui, n’auraient pas été suffisamment testés.
Au cours de la conférence de presse du 22 septembre, le directeur de l’organisme subventionnaire National Institutes of Health (NIH), Jay Bhattacharya, a annoncé que le NIH allait allouer 50 millions$ à 13 projets de recherche dédiés à identifier les causes de l’autisme. Une annonce qui semble en contradiction avec celle de RFK qui avait promis d’identifier la cause de l’autisme en septembre.