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Plusieurs espèces de chiens ont des gènes de loups en eux qui résultent « d’échanges » survenus en moyenne il y a 2600 ans —soit bien longtemps après les débuts de la domestication, qui remontent à au moins 20 000 ans.

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La génétique révèle en effet que certaines espèces de nos amis à quatre pattes ont davantage de gènes de loups qu’on ne l’aurait cru. La plupart n’en ont qu’entre 0 et 5%, mais même 5% révèle que des croisements sont survenus dans les derniers milliers d’années, soit longtemps après que les chiens aient commencé à partager nos vies (un débat subsiste chez les archéologues et les généticiens quant à savoir si la domestication du chien s’est produite une seule fois ou en deux occasions distinctes). 

Dans une recherche parue le 24 novembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs du Musée d’histoire naturelle de New York détaillent cet « héritage d’un enchevêtrement moderne » qui a, au final, façonné ce que sont les chiens d’aujourd’hui. Chez les deux tiers des chiens domestiqués dont ces chercheurs ont ré-analysé le génome, on trouve des traces « ancestrales » qui révèlent qu’un hybride chien-loup est né il y a en moyenne 900 générations, soit 2600 ans.

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Il est même possible que certains traits ou comportements davantage présents chez certains chiens aujourd’hui soient le résultat direct de ces gènes « ajoutés » à leur ADN dans une époque relativement rapprochée. La chose est toutefois impossible à démontrer dans l’état actuel des connaissances de l’ADN des chiens ou des loups, précisent les chercheurs. 

Parmi les chiens les plus « loups »: les chiens d’attelage de l’Arctique (malamute, husky), certains chiens de chasse et certaines espèces d’Asie centrale et de l’ouest utilisées pour garder les troupeaux, comme le berger d’Anatolie. Mais les chercheurs prennent soin de souligner qu’il n’y a pas de relation de cause à effet: on n’a pas identifié de trace d’ADN de loup chez certains gros chiens utilisés comme chasseurs ou gardiens, comme le Saint-Bernard ou le bullmastiff. À l’inverse, on en a trouvé 0,2% chez le… chihuahua

Sur les 2693 génomes de chiens et de loups ainsi analysés, 280 provenaient de chiens dits « de village », soit ceux qui n’ont pas de propriétaire assigné, mais vivent en liberté parmi les humains. Or, tous avaient un peu ou beaucoup d’héritage « loup » dans leur ADN. Deux des auteurs de la recherche, l’anthropologue Audrey Lin et l’archéogénéticien Logan Kistler, signalent dans un texte de vulgarisation paru le même jour que le segment d’ADN de loup identifié est relié aux récepteurs olfactifs: « nous supposons que les capacités olfactives peuvent avoir aidé ces chiens vivant en liberté à survivre dans un environnement difficile et changeant ». 

Si certains propriétaires de chiens ont longtemps été convaincus qu’il y avait du loup dans leur animal préféré, l’hypothèse laissait sceptique autant les anthropologues que les généticiens : en effet, pour que des humains aient domestiqué certains chiens plutôt que d’autres, il a fallu que, déjà il y a 20 000 ans, certains de ces animaux aient présenté des traits de caractère plus « amicaux », voire une plus grande adaptabilité à nous. Et ces traits ont été inévitablement favorisés dès les premiers milliers d’années. Au point où l’hypothèse dominante était que, 20 000 ans plus tard, il ne restait plus grand-chose du loup chez les chiens.

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