L’année a été riche en découvertes pour quiconque s’interroge sur le parcours tortueux qui nous a conduit à devenir un primate aussi différent des autres primates. De la maîtrise du feu jusqu’à la rencontre, en Asie, avec un cousin dont on ignorait l’existence jusqu’à tout récemment.
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Le feu: Les humains savaient-ils déjà allumer un feu, il y a 400 000 ans? La recherche publiée plus tôt ce mois-ci n’est pour l’instant qu’une preuve indirecte, mais elle rappelle que c’est très tôt dans l’histoire —plus d’un million d’années— que nos ancêtres ont « domestiqué » le feu —c’est-à-dire, à défaut de pouvoir l’allumer eux-mêmes, être au moins capables de se l’approprier et de l’entretenir. Un « savoir » qui s’est avéré capital dans l’évolution humaine, pour accroître ses chances de survie, et qui a eu des impacts jusque dans l’alimentation.
Les outils: Les humains ont aussi été des fabricants d’outils plus habiles qu’on ne le pensait, plus tôt qu’on ne le croyait. Ainsi, en mars, des fouilles en Tanzanie ont révélé des outils fabriqués à partir d’os il y a un million et demi d’années, soit un million d’années plus tôt que les plus anciens os taillés connus. En avril, on a ajouté à cette liste des outils sculptés dans l’ivoire d’une défense de mammouth, il y a 400 000 ans, dans ce qui est aujourd’hui l’Ukraine. L'os et l'ivoire sont deux matériaux moins faciles à manipuler que la pierre, nécessitant davantage de dextérité.
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La parole: Et cette dextérité implique un autre progrès, que des artefacts anciens ne peuvent pas montrer: le langage. En juin, deux archéologues ont publié un classement de 103 « traits culturels » en fonction du niveau d’apprentissage qu’ils nécessitent. Parmi ces traits, associés à différentes époques de la préhistoire: la fabrication d’un type spécifique d’outil, une pratique funéraire, et les couleurs utilisées pour des dessins dans les cavernes. Conclusion de cette analyse: certains de ces traits nécessitent un apprentissage plus complexe, donc un langage plus complexe. Il s’agit d’une nouvelle approche pour comprendre l’évolution de la communication —une caractéristique inhérente à l’évolution rapide de l’espèce humaine dans le dernier million d’années, et plus particulièrement dans les 200 000 dernières années.
Les Dénisoviens: à côté de ces analyses renvoyant à un passé très lointain, les découvertes qui concernent nos cousins dénisoviens peuvent sembler moins importantes. Après tout, il s’agit d’un cousin qui a côtoyé des Homo sapiens et des Néandertaliens il n’y a « que » quelques dizaines de milliers d’années. La première preuve de leur existence remonte à 2010, grâce à de l’ADN retrouvé dans l’os d’un doigt vieux de 55 à 70 000 ans. Proches cousins des Néandertaliens, ils s’étaient dispersés longtemps auparavant à travers l’Asie, et ont croisé des Homo sapiens puisqu’une petite partie de notre ADN provient d’eux —la plus forte proportion étant chez des peuples de l’Asie du Sud-Est.
Mais en 2025, le portrait s’est précisé. En avril, l’os d’un maxillaire trouvé à Taïwan a été attribué à un Dénisovien grâce à l’identification de protéines préservées dans le fossile. En juin, des chercheurs chinois ont conclu —la chose fait encore débat— qu’un crâne de 150 000 à 200 000 retrouvé dans le nord du pays était probablement dénisovien. En novembre, était publié le deuxième génome dénisovien complet, trouvé dans une molaire vieille de 200 000 ans. Les comparaisons entre ces deux génomes et des fragments d’ADN épars, suggèrent l’existence de trois populations distinctes de Dénisoviens, il y a 200 000 à 50 000 ans. Mais surtout, ce nouveau génome révèle l’existence d’un groupe de pré-humains encore non identifié, avec lequel certains Dénisoviens auraient eu des enfants. Les archéologues semblent unanimes à croire que 2026 apportera d’autres informations.





