
Récemment une équipe de recherche de l’Université de Buffalo, en collaboration avec une équipe de l’Université McGill, a fait passer l'immunologie à une nouvelle étape de son évolution en réalisant une sorte de plateforme moléculaire multiple pouvant accueillir plusieurs protéines virales distinctes.
Ce support, qui est un liposome ayant été modifié, présente l'avantage de pouvoir cibler simultanément plusieurs pathogènes et donc de permettre au système immunitaire de combattre du même coup différentes souches virales voire différents types d'infections microbiennes. On pense aussitôt aux virus grippaux tels ceux de l'influenza et de la COVID-19 qui ont fait justement l'objet de tests chez l'animal par l'équipe de Buffalo. En plus d'être stables à température ambiante, ces vaccins peuvent être produits rapidement. De plus, ils peuvent être lyophilisés, donc réduits en poudre, pour faciliter leur distribution ce qui abaisse leur coût.
Concernant la grippe, ce nouveau type de vaccin n'évitera sans doute pas la vaccination annuelle, mais elle évitera aux professionnels de la santé de devoir prédire chaque année (parfois avec plus ou moins de succès) quelle sera la souche dominante en circulation. L'efficacité du vaccin devrait ainsi en être améliorée.
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Aller plus loin dans la prévention avec la vaccination
Pourrait-on aller encore plus loin dans les prochaines étapes en immunologie? Serait-il possible par exemple de devancer l'évolution naturelle des virus en faisant évoluer ceux-ci sous contrôle en laboratoire à un rythme accéléré de façon à pouvoir connaître à l'avance leurs différentes structures issues de leurs mutations naturelles et réaliser ainsi avec les antigènes correspondants un vaccin qui serait efficace durant 3 ou 4 voire plusieurs années? L'astuce serait une voie d'autant plus intéressante à explorer que la nouvelle technique mise au point récemment permettrait de réunir sur un même support plusieurs de ces nouveaux antigènes qui seraient issus de cette manipulation.
Une fois les virus grippaux mis en présence de cultures de cellules du système respiratoire humain, la question qui se pose est de savoir comment accélérer cette diversification - de façon évidemment contrôlée? Or en lisant un article publié par l'Agence Science-Presse, je tombe sur cet article qui fait état d'un travail de recherche ayant mené à la découverte de plus de 1 700 nouveaux virus découverts dans des carottes de glace forées dans un glacier tibétain. Dans ces travaux, on mentionne qu'on a pu corréler l'évolution de la diversité des virus avec la variation du climat. Au vu de cette étude, il en ressort la constatation suivante : « Au cours des périodes froides du passé de notre planète, la communauté virale du glacier Guliya avait tendance à revenir à une composition similaire, bien que non identique. En revanche, chaque période chaude avait un assemblage complètement différent d’espèces virales. » Ce n'est pas forcément une surprise qu'une température plus élevée provoque une prolifération virale accrue, mais le commentaire qui suit ajoute un élément de réponse supplémentaire intéressant : « Le mélange de microbes le plus diversifié et le plus idiosyncratique est venu d’il y a environ 11 500 ans, pendant la transition majeure entre la dernière étape glaciaire et l’Holocène stable et tempéré. C’est intéressant parce que c’était un moment important dans cette période de 41 000 ans... C’était le changement climatique le plus spectaculaire de cette période et donc le voir reflété dans la communauté virale montre à quel point le climat et les microbes sont étroitement liés... »
De ces observations il ressort que, plus que la température élevée, ce serait les variations extrêmes de celles-ci qui auraient produit cette poussée de diversification chez les virus étudiés. Dès lors, ne pourrait-on pas tenter de simuler en laboratoire ces variations climatiques extrêmes par de brusques variations de température et d'hygrométrie de façon à accélérer, sur une courte période, les modifications des virus grippaux mis en culture? Il serait possible par la suite de contrôler que les variations produites reproduisent bien ou non celles des mêmes virus en milieux naturels. Si l'évolution s'avérait similaire alors il serait possible d'envisager de réaliser de nouveaux vaccins en incluant les antigènes de ces virus obtenus plus rapidement en laboratoire.