Barbara Sherwin étudie la psychoneuroendocrinologie. Comme elle lexplique elle-même, ce mot un peu effrayant désigne létude des effets possibles des hormones sur le cerveau et, à travers lui, sur les comportements.
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Et parmi toutes les hormones, celle qui a retenu son attention ces dernières années, cest lstrogène. Elle est produite à 90% par les ovaires. Lorsque, à partir de 60-61 ans, les ovaires dune femme satrophient et, en quelque sorte, meurent, le taux dstrogène devient aussi faible que pendant lenfance. " Les ovaires semblent génétiquement programmés pour vivre une cinquantaine dannée. Si bien quen dépit de lallongement de lespérance de vie, lâge de la ménopause reste stable et le temps de vie post-ménopause augmente. "
Cette baisse du taux dstrogène aurait un rôle-clé dans le vieillissement de la mémoire des femmes. Mais qu'on se rassure, pas toutes les formes de mémoire: " le vieillissement normal, précise la chercheuse, ne menace ni la mémoire immédiate, ni la mémoire des événements passés. Seul lapprentissage de nouveaux éléments devient plus difficile avec lâge. "
Contradiction
Au début, tout allait bien : les différentes études réalisées par Barbara Sherwin et son équipe montraient clairement le lien entre strogène et mémoire. Par exemple, des jeunes femmes, qui avaient dû se faire enlever leurs ovaires, avaient reçu un traitement permettant à nouveau la production dstrogène tandis que dautres navaient quun placebo. La mémoire de ces dernières sétait clairement dégradée par rapport à celle dont le taux dhormones avait été maintenu stable.
Une étude américaine à long terme, la Women's Health Initiative Memory Study, portant sur plus de 4500 femmes de plus de 65 ans, aurait dû confirmer ces résultats. Mais, au contraire, à lissue de létude, la mémoire des femmes qui, pendant quatre ans, avaient pris de lstrogène et la mémoire de celles qui navaient eu quun placebo, montraient le même déclin.
Cest en comparant les femmes étudiées dans les deux types détudes que Barbara Sherwin a pu proposer une explication. Et le facteur-clef, cest lâge. La chercheuse en conclut que si lstrogène peut protéger une femme jeune de futures pertes de mémoire, il est inutile une fois le processus de dégradation enclenché. De nouvelles études, sur des animaux et des humains, le confirment : la mémoire de rates à qui on a enlevé les ovaires retrouve sa vivacité davant lablation si on leur donne de lstrogène dans les trois mois suivant lopération, tandis quaprès 10 mois, le même traitement na plus deffets.
Doù lhypothèse dune période critique : pour Barbara Sherwin, cest dans une période deux ou trois ans autour de la ménopause, soit vers 50-53 ans, que la prise dstrogène aurait des effets bénéfiques durables sur la mémoire dune femme.
Effets secondaires ?
Lorsquon linterroge sur déventuels effets secondaires de la prise dstrogène, Barbara Sherwin tend à les minimiser. Elle rappelle que, si on a identifié un risque accru de cancer du sein chez les femmes ayant pris des strogènes, seules 7 femmes sur 7000 étaient concernées et les effets ne se faisaient sentir quaprès 5 ans de prise. Face à cela, elle souligne les avantages non négligeables de cette hormone : " pris lorsque les femmes sont encore jeunes, lstrogène diminue lostéoporose et les crises cardiaques... "
" Mais que fait-on des femmes qui ont dépassé lâge de la ménopause ? Cest trop tard ? " sinquiète une auditrice visiblement venue chercher des solutions pour elle-même. Barbara Sherwin la rassure : lstrogène est efficace, mais garder son esprit actif, avoir des activités stimulantes, être en interaction avec dautres sont autant de moyens efficaces à tout âge pour limiter le déclin des facultés cognitives.