Moins de violence et plus de respect, de dialogue et de tolérance, voilà ce que peut offrir la philosophie aux enfants. La Journée mondiale de l'enfant, célébrée tous les 20 novembre (1), avait pour thème cette année, l'écoute des enfants. Alors, quoi de mieux que de les encourager à parler, à dialoguer ; bref, à philosopher un peu.

La philosophie contre la violence

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“ Les enfants vont réfléchir à la violence, prendre position et trouver des solutions tous ensemble. Ils vont s'affirmer et argumenter tout en respectant les opinions des autres”, explique Annik Perron de La Traversée, un organisme de la Rive-Sud de Montréal, qui vient en aide aux femmes et aux enfants de moins de 12 ans victimes d'agressions sexuelles et qui développe aussi des activités de prévention de la violence. Cet outil pédagogique, qui favorise le dialogue, la tolérance et le respect chez les enfants, reçoit le support de la Faculté de philosophie de l'Université Laval.

Prévention de la violence et philosophie pour enfants vient de recevoir le Prix 2006 de la Fondation Marie-Vincent. Un outil destiné aussi à prévenir les agressions sexuelles sur les enfants. “ C'est différent des recettes toutes faites que l'on connaît. On leur dit souvent ‘méfie-toi des inconnus’, mais la majorité des incestes se déroulent au sein de la famille ”, rappelle Annik Perron.

Implanté au sein de dix écoles de la commission scolaire Marie-Victorin (Rive-Sud de Montréal), ce projet apprend aux enfants, de la maternelle à la sixième année, à réfléchir aux diverses formes de violence, à trouver des solutions pacifiques, à être moins vulnérables à la violence tout en développant jugement et pensée critique.

Histoires philosophiques

Dans la classe, le professeur lit quelques pages d'un livre. “ Harry s'est blessé, mais Lisa ne rit pas ”. Il interpelle alors ses élèves, les questionnant sur le comportement de Lisa. Le thème du jour est l'empathie. “ Ce n'est pas de la philosophie ‘Mickey Mouse’, on utilise les mots des enfants, mais le contenu philosophique reste présent ”, affirme Michel Sasseville, responsable des programmes de formation en philosophie pour les enfants à la Faculté de philosophie de l'Université Laval. Et les bienfaits de la philosophie dépasseraient même la seule pensée logique en donnant à l'enfant une bonne perception de lui même et une meilleure estime de soi.

Issue des travaux du philosophe Matthew Lipman, la philosophie adaptée aux enfants date de la fin des années 60. Elle a fait ses premiers pas au Québec près de 20 ans plus tard, avec un premier cours donné en 1987. “ C'est encore une pratique nouvelle. Un instrument pour apprendre à penser, former le jugement plutôt que la mémoire ”, s'exclame celui qui est en charge du nouveau microprogramme de 2e cycle, Prévention de la violence, résilience et philosophie pour les enfants à Québec.

C'est essentiellement un programme de formation à la philosophie pour enfants et de soutien aux futurs enseignants du primaire qui désireront mettre en place cette approche dans leur classe. Un enseignement basé sur la pédagogie du questionnement. “ Il faut redonner de la place aux enfants. Lorsque 80 % du temps, le prof parle, il ne reste que 20 % pour dialoguer, à diviser encore par 20 ou 30, c'est très peu ”, rappelle Michel Sasseville.

La philosophie redonne une place au dialogue, à l'écoute, à la réflexion... “ C'est la mise en route d'une mini société démocratique où l'enfant devient citoyen à part entière ”, conclut le philosophe. Un vrai projet politique pour former les enfants à devenir demain de meilleurs adultes et de meilleurs parents.

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