Les « petits hommes » de l’île de Flores, ces ossements que l’on dit appartenir à une autre espèce humaine, continuent de faire jaser. La découverte, le mois dernier, de nouveaux squelettes sur une autre île, squelettes qui a priori remettaient en question l'hypothèse de Flores, semble prendre un tour plus médiatique que scientifique.

Des milliers d’ossements humains ont été retrouvés sur une île de l’archipel de Palau, âgés de 900 à 2900 ans. Parmi eux, certains des plus anciens sont de petite taille et ont rapidement relancé le même débat qu’on avait eu en 2004 autour de l’île de Flores, à 2000 km plus au Sud (voir la carte) : s’agirait-il d’un groupe d’humains primitifs, qui auraient évolué vers une petite taille au fil des millénaires?

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Le découvreur, le paléoanthropologue sud-africain Lee Berger, a en effet présenté sa découverte comme telle : ses « petits hommes » à lui, en raison de leur grand nombre, démontreraient que les « petits hommes » de Flores ne constituent pas une espèce distincte —on parlait alors de descendants de l’Homo Erectus— mais que l’évolution vers le nanisme serait au contraire un trait commun à des populations vivant longtemps isolées sur une île.

Sauf qu’il y a ceux qui remettent carrément en doute que les ossements de Palau représentent une population distincte. L’archéologue américain Scott Fitzpatrick, qui a travaillé là-bas depuis une décennie avait trouvé en 2003, à 4 kilomètres de là, des ossements remontant eux aussi à près de 3000 ans —et tous de taille normale. Les ossements plus anciens de Berger seraient tout simplement des adolescents. « Berger, déclare Fitzpatrick dans une entrevue pour Nature, n’a pas fait de comparaisons adéquates avec d’autres ossements de Palau ».

Un des problèmes de cette découverte est sa facture médiatique. Elle a été annoncée le 10 mars par la chaîne National Geographic, qui finançait l’expédition de Lee Berger. L’article scientifique est paru le surlendemain dans la revue Public Library of Science One. Les conclusions qui ont fait le plus de bruit, celles de l’émission de télé, n’ont donc pas été validées par un comité de réviseurs —en fait, un des réviseurs de l’article scientifique est terriblement sévère quant à la validité des résultats.

Un autre problème, souligné dans l’article du journaliste de Nature , est que l’hypothèse du nanisme ne colle pas avec ce qu’on connaît de l’histoire de ces îles de l’Ouest du Pacifique —alors que la présence de descendants de l’Homo Erectus sur l’île de Flores, qui auraient débarqué il y a 70 000 ans et auraient survécu jusqu’à voici 12 000 ans, n’est pas invraisemblable.

L’archéologie confirme que les premiers humains se sont établis dans l’Ouest du Paciifique il y a 3000 ans. Les artefacts démontrent qu’il y a 2500 ans, les habitants de l’archipel de Palau maîtrisaient fort bien l’agriculture. Qu’un groupe ait évolué si vite vers le nanisme en raison du manque de ressources ne colle donc pas.

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