Le premier bébé britannique ainsi sélectionné est en effet né à Londres la semaine dernière, de parents qui ont préféré demeurer anonymes. Mais le médecin, spécialiste des technologies de reproduction qui est derrière cette percée médicale n’a pas, lui choisi l’anonymat et a au contraire tenu à souligner que, dans la famille de ce bébé, trois générations de femmes avaient souffert du cancer du sein ou des ovaires avant d'avoir 30 ans; la petite fille, elle, sera libérée de ce risque.
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Les parents, a expliqué le Dr Paul Serhal, se sont soumis à la fertilisation in vitro; les embryons qui en ont résulté ont été testés par ce qui est appelé le diagnostic génétique pré-implantatoire, et seuls les embryons dépourvus du gène BRCA1 —gène de susceptibilité à une catégorie de cancer du sein— ont été implantés dans l’utérus.
Le diagnostic est couramment utilisé pour détecter des gènes qui conduisent inévitablement à une maladie, comme la fibrose kystique. Mais c’est la première fois en Grande-Bretagne qu’il est utilisé pour détecter un gène qui ne conduit pas nécessairement à une maladie : en effet, avoir à l’intérieur de soi un gène « de susceptibilité à » signifie qu’on court plus de risques, pas qu’on aura nécessairement le mal.
Pour ceux qui s’inquiètent des dérives, un tel choix constitue un pas vers l’eugénisme : la sélection de bébés « parfaits », sans pour autant savoir jusqu’où cette quête de perfection peut conduire : à mesure qu’on en apprendra sur le rôle de nos gènes, pourquoi pas une sélection d’embryons en fonction des gènes du Q.I., de l’hyperactivité ou de la couleur de la peau?