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Dans le club des mal cités, certains le sont réellement. C’est du moins l’admission du quotidien britannique The Sunday Times, pressé de présenter ses excuses auprès du GIEC et de deux spécialistes, après avoir discrédité un rapport d’impacts des changements climatiques sur la forêt amazonienne.

Le panel d’experts, qui relève de l’Organisation des Nations unies (ONU), signait en 2007 ce rapport particulièrement pessimiste. Dans leur document, ils indiquaient que le réchauffement climatique pourrait effacer 40 % de la surface actuelle de la forêt amazonienne.

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Des conclusions biaisées et exagérées, écrit le journaliste Jonathan Leake dans une édition de janvier du Sunday Times. Il reproche surtout au GIEC de s’être largement inspiré des analyses de deux spécialistes de la World Wildlife Fund (WWF), des « militants écologiques sans grande expertise scientifique », au lieu des travaux de spécialistes indépendants. Il insiste aussi sur la mauvaise qualité des données étudiées qui, selon lui, concernent l’influence de l’activité humaine plutôt que celui lié aux changements climatiques.

Dans les pages éditoriales de la mi-juin, le Sunday Times décide de se rétracter et rectifie plusieurs inexactitudes soulevées dans l’article. « Les preuves publiées dans le document du GIEC ont bel et bien été validées scientifiquement et évaluées par des pairs. Aussi, nos propos ont laissé sous-entendre que Simon Lewis, membre de la Royal Society et spécialiste de la forêt tropicale à l’Université de Leeds et cité dans l’article en question, avait contredit les conclusions du rapport, ce qui est faux. Nous nous excusons auprès de M. Lewis. »

Le quotidien s’adresse également à Andrew Rowell et Peter Moore, les deux spécialistes du WWF écorchés par la plume de Jonathan Leake. « Nous reconnaissons les qualités de M. Rowell, un journaliste spécialisé en environnement d’expérience et celles du Dr Moore, un expert en gestion de la forêt. Nous nous excusons d’avoir laissé supposer le contraire. »

Le mea culpa du Sunday Times tente d’apaiser la grogne qui s’amplifiait chez certains membres influents de la communauté scientifique cités dans l’article et tous les autres impliqués dans la recherche sur la forêt amazonienne.

En particulier Simon Lewis qui, en mars dernier, dépose une plainte de trente pages au conseil de presse anglais contre des informations qu'il considère erronées, mensongères et déformées à propos des changements climatiques, et à ses commentaires rapportés dans l’article.

Dans les faits, M. Lewis avait critiqué les experts de l’ONU pour avoir omis de mentionner toutes les sources d’où provenaient les preuves scientifiques évaluées par les pairs. Une position qui n’avait pas été rapportée explicitement dans le texte du Sunday Times.

La sortie du Sunday Times satisfait Simon Lewis. Selon lui, le règlement du différend montre à quel point la compréhension des enjeux scientifiques tient à l’importance du dialogue franc et direct entre la communauté scientifique et les journalistes.

Cette apologie survient d'ailleurs après l'intervention du conseil de presse britannique, qui a permis de faire s'entendre les deux parties, explique M. Lewis.

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