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Qu’ont en commun les fermiers qui réclament des insecticides plus efficaces, le consommateur qui veut un écran plat et la médecine qui se bat contre le cancer? Le Nobel de chimie!

Ou peut-être faudrait-il appeler ça le Nobel de biochimie. Parce que cette histoire commence avec toutes sortes de molécules présentes dans des êtres vivants. Mais elles sont trop difficiles à extraire, ou existent en quantités trop faibles, pour pouvoir être utilisées —que ce soit en médecine, en électronique ou en agriculture. Il faut donc trouver un moyen de les produire artificiellement, et c’est là qu’interviennent les Richard F. Heck, Ei-ichi Negishi et Akira Suzuki.

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Dans les années 1950, le premier travaille pour une compagnie chimique américaine et commence à mener des expériences avec le palladium —un métal rare qui semble avoir la curieuse particularité d’attirer plus facilement les atomes de carbone. Or, toutes les molécules complexes dont on parle ici sont à base de carbone, parce que toute vie sur Terre est à base de carbone.

Et le palladium s’avère effectivement un catalyseur efficace, mais il faudra pour cela pratiquement deux décennies à Richard F. Heck pour le démontrer : une série d’articles scientifiques paraît en 1968. Aujourd’hui, raconte le Comité Nobel, ce que les chimistes appellent la réaction Heck est une des façons par lesquelles on peut forcer deux atomes de carbone à se lier entre eux, et surtout obliger une molécule étrangère à se lier à un atome de carbone : la molécule de styrène par exemple, liée à un atome de carbone, devient le polystyrène.

D’une liaison à l’autre, les atomes de carbone deviendront la charpente de molécules de plus en plus complexes. À la fin des années 1970, les deux autres co-nobélisés, les Japonais Ei-ichi Negishi et Akira Suzuki, ajoutent au coffre à outils de la chimie la réaction Negishi (en ajoutant des composés de zinc) et la réaction Suzuki (en ajoutant des composés de boron), chacune des méthodes engendrant à son tour des applications que continuent encore de découvrir les industries pharmaceutique, électronique ou agroalimentaire.

Point commun à ces trois réactions, et d’autres : le palladium. Ou, pour les intimes, le « couplage croisé catalysé au palladium ». Au cours des 30 dernières années, pas un seul laboratoire dit de synthèse organique n’a pu s’en passer : que vous ayez compris quelque chose à ce texte ou non, il y a sûrement dans votre pharmacie, votre frigo ou à moins d’un mètre de vous, quelque chose qui n’existerait pas sans la catalyse au palladium. Spécialement si vous êtes en train de lire ce texte sur un écran plat.

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