Coincé sous 4 kilomètres de glace, le lac Vostok fascine : pourrait-il abriter des formes de vie inédites? Mais l’atteindre n’est pas seulement difficile, c’est risqué. Difficile, parce qu’il dort sous le continent glacial antarctique, qui n’est pas le lieu le plus facile d’accès au monde. Risqué, parce que le forage entrepris par les Russes pourrait le contaminer irrémédiablement.
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C’est la raison pour laquelle le forage en question a été interrompu il y a huit ans — et qu’il vient tout juste de reprendre. Le Secrétariat du Traité sur l’Antarctique, qui gère les relations entre la douzaine de pays se partageant ce continent inhabité, a approuvé l’étude d’impact environnemental de la méthode employée par les Russes pour franchir la dernière centaine de mètres entre la couche de glace et l’eau.
Ce n’est pas tant la foreuse elle-même qui posait un risque de contamination, mais le mélange de kérosène et de fréon employé pour empêcher que le puits de glace ne s'effondre au fur et à mesure que progresse l’engin.
En 1998, le forage en question s’était arrêté à 3580 mètres de profondeur, soit environ 150 mètres au-dessus de la « couche » d’eau. Ce n’est que la semaine dernière qu’il a repris, le 4 janvier, et si la foreuse ne rencontre aucun imprévu, elle pourrait toucher l’eau avant la fin du mois. Si elle joue de malchance, le bref été que vit actuellement l’Antarctique prendra fin, et il faudra tout remettre à l’année prochaine. [ Ajout, 18 janvier: La course contre la montre se poursuit, titre Nature. La foreuse ne serait plus qu'à 30 ou 40 mètres de la limite entre la glace et l'eau, mais elle n'a que jusqu'au 6 février, date où le dernier avion de l'été quittera la station de recherche Vostok ] [ Ajout, 4 février: à 20 mètres près, ce ne sera pas pour cette année. Le directeur du programme arctique, Valery Lukin, a dit à Nature qu'à cause de l'interruption du forage entre le 26 et le 30 janvier, ils ne pourront atteindre que 3730 mètres (environ 20 mètres de l'objectif) le 6 février, date où le dernier avion quitte le continent avant que l'hiver ne s'installe. ]
Vie étrangère
Pour comprendre pourquoi ce lac fascine autant les biologistes que les glaciologues, il faut se rappeler que si la vie a besoin de l’eau, elle s’interrompt lorsque cette eau est gelée. Cela signifie donc que, dans cette région de l’Antarctique, il y a une épaisseur de près de quatre kilomètres de glace, dénuée de toute vie, qui surplombe un grand lac où des formes de vie évoluent vraisemblablement en quasi-indépendance du reste du monde. Depuis 14 millions d’années.
D’après les relevés sismiques, le lac Vostok couvre 16 000 kilomètres carrés et serait profond de 1050 mètres, largement assez pour abriter de la vie, quoique pas très complexe : personne ne s’attend à y trouver des bestioles plus avancées que des micro-organismes, des vers ou des algues. Quelque 150 autres lacs « subglaciaux » ont été détectés en Antarctique.
[ correction, 13 janvier: il faut lire 16 000 km2, et non 16 ]
