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Voilà qu’en pleine campagne électorale, le premier ministre canadien se fait contredire par des scientifiques de son propre gouvernement.

À sa défense, il n’y a pas que lui qui se fait contredire. Dans leur étude, les chercheurs d’Environnement Canada en arrivent à la conclusion que « la cible des deux degrés » est irréaliste. Autrement dit, cette cible que la plupart des pays industrialisés se sont engagés à ne pas dépasser... sera fort probablement dépassée.

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C’est un problème de physique : à partir de combien de degrés l’atmosphère et les systèmes climatiques commenceront-ils à s’emballer? Par convention, les scientifiques se sont entendu depuis une quinzaine d’années sur une hausse maximale de deux degrés Celsius par rapport à la température moyenne d’il y a un siècle et demi. D’autres scientifiques, craignant que certains signes —la fonte plus rapide que prévu de l’Arctique, les événements météorologiques extrêmes des dernières années— ne soient des avertissements que le seuil de risque est plus près qu’on ne le pensait, suggèrent plutôt une cible d’un degré et demi.

Dans tous les cas, plusieurs des objectifs nationaux et internationaux de réduction des gaz à effet de serre, ont été fixés en gardant en mémoire cette limite des deux degrés à ne pas dépasser.

Or, ce que disent ces chercheurs canadiens dans une étude parue discrètement le mois dernier dans la revue Geophysical Research Letters , c’est qu’il est « peu probable que le réchauffement puisse être limité à la cible des deux degrés ». Pour cela, il faudrait une réduction pratiquement à zéro des émissions de gaz à effet de serre —et qu’on s’active ensuite à en diminuer la teneur dans l’atmosphère à partir de 2050.

Ce n’est toutefois pas un scoop. D’autres modélisations informatiques du climat ont déjà fait état de la grande difficulté à atteindre cette cible « si la tendance se maintient » —autrement dit, si les pays industrialisés ne s’engagent pas dans des politiques plus agressives. Cette étude-ci, soulignent ses auteurs —du Centre canadien pour la modélisation du climat, à l’Université de Victoria, Colombie-Britannique— contient simplement une plus grande fournée de données que les études précédentes, grâce à une nouvelle génération d’un modèle climatique —plus puissant et capable d’intégrer davantage de chiffres.

Cette nouvelle fournée servira notamment à la prochaine édition du rapport du GIEC (Groupe des Nations Unies sur les changements climatiques), prévue pour 2014.

Dans leur scénario le plus pessimiste, la concentration de CO2 dans l’atmosphère bondit, dans le siècle à venir, de 390 parties par million (PPM), le niveau actuel, à 920 PPM et la température sur la terre ferme augmente de 4,9 degrés par rapport à son niveau actuel. Dans leur scénario plus conservateur, celui par lequel la hausse se stabilise à 450 PPM en 2050, on assiste tout de même à une hausse de la température de 2,3 degrés C.

Sur un graphique, le scénario pessimiste est décrit par une ligne orange, le scénario prudent, par une ligne bleue. « En terme d’émissions, actuellement, nous sommes plus probablement sur la ligne orange que sur la ligne bleue », explique l’océanographe Ken Denman.

Bien que déjà parus il y a un mois, les résultats ont eu droit à une seconde vie la semaine dernière, alors que la revue a choisi d’y consacrer un communiqué de presse, coïncidant avec une rencontre des négociateurs internationaux sur le climat à Bangkok, Thaïlande, du 3 au 8 avril.

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