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Des fonds destinés à de soi-disant recherches scientifiques universitaires ont plutôt servi à une campagne de relations publiques destinée à semer le doute sur les changements climatiques. L’air est connu, sauf que la chanson provient cette fois du Canada, où elle met l’Université de Calgary dans l’embarras.

L’actualité des dernières années a été en effet riche en révélations sur les groupes climatosceptiques qui manipulent à leurs fins l’information scientifique, avec des sous provenant souvent de pétrolières. Ces histoires sont généralement américaines, mais certains de ces groupes ont leurs équivalents au Canada: Friends of Science est l’un d’eux.

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Le Calgary Herald, sous la plume du journaliste Mike de Souza, révélait cette semaine que Friends of Science a donné 507 975$, maquillés en «dépenses de recherches» à l’Université de Calgary en 2004. Ces fonds ont notamment servi à faire venir des conférenciers niant la réalité du réchauffement, à organiser des dîners et à acheter des cadeaux et de la publicité. Un de leurs événements a eu lieu à Montréal en décembre 2005, parallèlement à la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’y déroulait alors. L’événement avait pour but d’attaquer les politiques environnementales du gouvernement libéral de l’époque.

Le chercheur derrière ces «dépenses de recherches» n’est lui-même pas un climatologue, mais un professeur de sciences politiques à l’Université de Calgary, Barry Cooper. Les fonds lui ont également permis de produire un vidéo faisant la promotion des idées politiques des gens tournant autour de Friends of Science. Barry Cooper a également été décrit dès 2006 comme un «confident» du premier ministre Stephen Harper.

Un autre nom qui revient souvent est celui de Morten Paulsen, dont la firme de consultants Morten Consulting et la compagnie de relations publiques Fleishman-Hillard dont il était le vice-président, ont toutes deux reçu des chèques de l’Université de Calgary dans le cadre de ce fonds. Paulsen avait précédemment occupé des positions de haut niveau au parti réformiste (qui a fusionné dans ce qui est devenu le parti conservateur) et auprès de son chef, Preston Manning.

Fondé en 2002, Friends of Science s’est d’abord présenté aux médias comme un groupe de climatologues sceptiques face au réchauffement, jusqu’à ce qu’en 2006, le Globe and Mail révèle qu’il n’était non seulement pas composé de climatologues, mais qu’il n’avait jamais publié la moindre étude sur le climat... et qu’il était financé à 100% par l’industrie du pétrole et du gaz naturel. D’après les nouveaux documents obtenus par le Calgary Herald en vertu de la loi d’accès à l’information, la firme albertaine pétrolière et gazière Talisman Energy, avec un chèque de 175 000$ émis en novembre 2004, serait le plus gros donateur pour ces soi-disant recherches.

On note, parmi les dépenses, 250 000$ en relations publiques, notamment pour APCO Worldwide, une firme de relations publiques plusieurs fois dénoncée pour ses stratégies consistant à donner l’illusion qu’il existe un débat sur une question scientifique. Elle avait d’abord utilisé cette stratégie dans les années 1980, à l’époque de la guerre du tabac, et s’y emploie aujourd’hui autour du climat: envoi de «lettres d’experts» aux journaux, insistance auprès des médias pour obtenir une couverture médiatique «équilibrée» (par exemple: peut-être que le tabac cause le cancer, peut-être pas).

Les activités ainsi financées avaient duré jusqu’en 2007, quand une enquête interne de l’Université de Calgary avait conclu que certains des fonds de recherche acceptés au nom de Friends of Science avaient été utilisés «pour soutenir un point de vue partisan» et que le fonds créé par Barry Cooper devait être fermé définitivement.

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