La géoingénierie, ou cette idée de modifier artificiellement les climats, a refait surface discrètement, la semaine dernière. Un rapport déposé le 1er décembre à Londres a été discuté le lendemain à Durban, lors de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.
Le rapport a été accueilli avec une certaine froideur. Le titre de l’Associated Press, repris par des dizaines de journaux, résumait l’état d’esprit: «La géoingénierie pourrait sauver la Terre... ou la détruire».
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N’empêche que ses promoteurs présentent la géoingénierie depuis maintenant des années comme le «Plan B» du climat —c’est-à-dire si les négociations qui s’étirent depuis deux décennies, en venaient à échouer. Et ils commencent à avoir une oreille attentive.
Quelles formes pourraient prendre une telle modification artificielle du climat? Plusieurs, nécessitant des technologies qui n’existent pas encore, mais qui ne sont pas hors de notre portée. Par exemple, l’installation, en orbite, de centaines ou de milliers de miroirs pour empêcher une partie des rayons du soleil d’atteindre la Terre —une diminution de 2% suffirait, prétend-on, à ramener en quelques années la température là où elle était avant l’ère industrielle.
Mais il pourrait y avoir des effets secondaires. La «gestion de la radiation solaire» (c’est son nom) «présente le potentiel d’être très utile ou très nuisible», reconnaissent les auteurs, représentant 22 pays et réunis pendant trois jours, en mars dernier, sous l’égide de trois organismes, dont la Société royale de Londres. C’est d’ailleurs un rapport de la Société royale, en 2009, qui a déclenché cette réflexion.
Le document de 65 pages a pour but de «lancer la conversation», explique encore l’un de ces experts, l’océanographe John Shepherd. Mais elle commence mal, considérant que ce qui a été retenu, ce sont davantage les effets secondaires: une modification trop abrupte de la météo peut avoir des conséquences insoupçonnées... y compris politiques: à qui donnera-t-on le contrôle du thermostat?