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Empilés, classés, numérotés… les 3000 spécimens de la Banque de cerveaux de l’Institut Douglas, à Montréal, donnent quelques frissons. Mais aussi de précieux indices scientifiques sur les mécanismes neurologiques qui entrent en jeu dans les comportements suicidaires.

Une partie de cette collection, qui regroupe environ 300 de ces spécimens, est consacrée depuis 17 ans aux recherches sur le suicide. Des études comparatives sont menées entre des cerveaux prélevés sur des personnes s’étant ôté la vie (après obtention d’un consentement familial post-mortem) et ceux provenant de sujets décédés d’une autre cause. D’un infarctus, par exemple.

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« Le suicide est un phénomène très complexe, souligne Gustavo Turecki, directeur du Groupe McGill d'études sur le suicide, et codirecteur de la banque de cerveaux. On ne trouve pas de point commun entre toutes les personnes décédées par suicide. Mais on sait que des différences existent par rapport aux sujets décédés autrement. Ces différences sont-elles causales? C’est la question à laquelle nous essayons de répondre… »

Les études menées par l’équipe du chercheur se concentrent sur l’altération de certains gènes cérébraux. Certaines régions-clés ont pu être identifiées, telles que l’hippocampe, associé au contrôle du stress, et le cortex préfrontal, qui joue un rôle dans l’impulsivité et la prise de décision.

Le chercheur brandit l’exemple de la régulation de la cortisone, une hormone contrôlant notre niveau de stress. « Chez les personnes qui ont connu une histoire d’abus dans leur enfance, nous avons remarqué une altération dans la régulation des gènes à ce niveau-là ». Or une enfance difficile est un paramètre que l’on retrouve dans 30 % des cas de suicide.

Ces recherches ne peuvent être menées isolément, dans la mesure où la quasi-totalité des personnes suicidées souffre de maladie mentale. « Nous réalisons également beaucoup d’entrevues avec les familles pour mieux connaître le contexte du suicide », précise-t-il.

La semaine de prévention nationale du suicide bat actuellement son plein. Chaque année, plus d’un millier de Québécois s’enlèvent la vie (1068 en 2009, selon l’Institut national de santé publique du Québec).

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