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Qui aurait pu croire que l’analyse scientifique d’une chute de neige puisse être un sujet politiquement délicat? Chose certaine, en voulant préserver leur gouvernement de toute controverse, les communicateurs en ont créé une autre, un peu plus gênante.

Le mois dernier, un journaliste du Ottawa Citizen voulait quelques informations factuelles pour compléter son article sur une recherche conjointe de la NASA, d’Environnement Canada et du Conseil national de recherches du Canada. À Ottawa, la requête du journaliste, par courriel, est passée par 11 fonctionnaires et la réponse est arrivée trop tard. À la NASA, il a suffi d’un coup de fil et de 15 minutes.

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Dans les faits, le journaliste Tom Spears a complété et publié son article avec les informations de la NASA. Mais poussé par l’envie d’en savoir plus, il a fait appel à la Loi d’accès à l’information pour savoir ce qui s'était passé avec sa demande. La réponse: 11 personnes qui, d’un courriel à l’autre, se demandent qui va répondre et de quelle façon, discutent des motivations du journaliste et réécrivent, ajustent et réécrivent encore, la réponse. Réponse qui, finalement envoyée trop tard, consistait en une courte liste à puces sur la technologie employée pour étudier les tempêtes de neige, ce qui ne répondait en rien à la question du journaliste.

Les courriels successifs ont été mis en ligne par le Citizen et, depuis mardi, une partie de la blogosphère canadienne anglaise n’en revient pas.

On parle ici d’une recherche météorologique, motivée à la NASA par le besoin d’en savoir plus sur le «comportement» des tempêtes de neige: les radars nous disent où tombe la neige, mais ont du mal à mesurer sa quantité. La NASA s’est donc associée à Environnement Canada et au Conseil national de recherches canadien pour que des appareils dotés d’une technologie de pointe volent sous la neige, dans le sud de l’Ontario et dans diverses conditions météorologiques.

«Quel est le gros secret?», s’indigne l’éditorialiste du Citizen, qui poursuit:

Ce que contient cette nouvelle n’est pas une expérience inhabituelle. L’histoire de [Tom] Spears est si commune qu’elle est presque devenue un jeu entre les journalistes, à savoir qui battra l’autre pour le temps qu’il faudra attendre et le peu d’informations utiles qu’il sera possible d’obtenir du gouvernement fédéral. (...) Mais la difficulté à arracher de l’information à notre gouvernement est davantage qu’un simple irritant pour les journalistes. Non seulement une culture de contrôle extrême de l’information et de secret n’aide-t-elle pas le public (...) mais elle fait aussi des dégâts.

Même le quotidien The National Post, traditionnellement moins enclin à se ranger du côté des scientifiques, semble se demander sur quelle planète s’est déroulée cette histoire:

Heureusement pour M. Spears, un responsable de la NASA a été parfaitement capable de lui parler du projet au téléphone. Et pourquoi ne l’aurait-il pas été? Ils étudient les chutes de neige, pas un plan pour assassiner Castro.

Parmi les courriels du mois dernier obtenus par le Citizen, l’un des derniers, d’un employé du Conseil national de recherches (CNRC), contient une complainte sur l’article du Citizen qui, à ce moment, venait de paraître: «le CNRC est mentionné seulement dans le dernier [paragraphe] mais sans aucune mention de notre contribution scientifique».

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