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Comment intéresser la population aux sciences polaires? Les scientifiques et les spécialistes, réunis hier lors d’une table ronde, présentée dans le cadre de la Conférence de l’Année internationale polaire sont unanimes: il est difficile de capter l’attention du public sur ce qui se passe à des milliers de kilomètres des centres urbains, où la population représente moins de 1% du pays.

La première intervenante à se prononcer, Julie Payette, astronaute canadienne et déléguée scientifique du Québec à Washington, mentionne d’emblée qu’elle connaît très peu de choses sur l’Arctique. «Mais j’ai eu l’opportunité de voir la Terre telle qu’elle est, et je me sens privilégiée de voir ce qu’elle a à nous offrir», dit-elle les yeux encore éblouis par la beauté de la planète vue de l’espace.

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José Xavier, biologiste à l’Institut de recherche sur la vie marine à l’Université de Coimbra au Portugal, croit quant à lui que l’intérêt du public et des politiciens pour les sciences polaires tient à la concision. «Il faut cibler quelques enjeux clés plutôt que de les inonder avec des tonnes de recherches en disant qu’on peut sauver le monde! »

C’est d’ailleurs ce que le Fonds mondial pour la nature (WWF) a réussi à faire avec sa campagne sur l’habitat des ours polaires de l’Arctique. «En tant qu’organisation non gouvernementale, nos communications rejoignent des gens qui sont déjà sympathiques à notre cause. Notre association avec la compagnie Coca-Cola nous a permis de rejoindre leurs consommateurs pour parler de nos idées. Jamais nous n’aurions pu rejoindre autant de gens —1,3 milliard— avec notre réseau seulement», explique Clive Tesar, directeur des communications du WWF.

«À l’ère d’Internet, la communication scientifique bouge à la vitesse d’un glacier, lance de son côté Lawrence Hamilton, professeur de sociologie à l’Université du New Hampshire aux États-Unis. Grâce aux médias sociaux, les gens peuvent partager le titre d’une étude et rejoindre des milliers de gens en quelques minutes. » C’est pourquoi, estime-t-il, que le travail du scientifique ne doit pas se terminer à la publication des résultats de recherche. «Nous devons encourager plus de scientifiques à s’adresser directement au public.»

Mais susciter l’intérêt du grand public à la science polaire exige aussi beaucoup de patience, nuance le directeur des communications du WWF, en rappelant à quel point le marketing social peut avoir un impact à très long terme. «Si on regarde du côté de la campagne antitabac, il a fallu 25 ans avant de constater des changements de comportements et des modifications dans les politiques.» Selon lui, la science polaire doit continuer à propager son message… la sensibilisation des citoyens à ses enjeux viendra à point.

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