avatar.jpg
Une chambre dont le décor change selon l’enfant, un avatar qui vous fait répéter vos exercices d’orthophonie, un fauteuil intelligent adapté à son usager… Les soins de santé du futur –que l’on expérimente aujourd’hui— seront conviviaux, personnalisés et surtout participatifs.

Les Living labs, sortes de laboratoires vivants ou citoyens, encouragent l’innovation ouverte basée sur le partage et la collaboration entre différents acteurs – experts, entreprises et citoyens. Au Québec, ils font leurs premiers pas dans le domaine de la santé.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

« Il s’agit de mettre le patient au cœur du projet dès les premières étapes, celles du développement. Cette stratégie améliore l’efficacité et l’appropriation de l’outil par le malade », avance Lucie Ménard, de l’Université du Québec à Montréal et co- organisatrice du colloque consacré à l’Innovation et recherche en santé : l’approche Living Lab qui se tenait cette semaine à Québec dans le cadre du 81e congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).

Converser avec un avatar

Au Living Lab du SAT/CHU Sainte-Justine, une dizaine de jeunes avec un trouble de langage (bégaiement) ont participé à des séances de co-création dans le but de développer un avatar avec lequel ils peuvent interagir. L’objectif de ce projet était de pouvoir simuler artificiellement des situations anxiogènes – prise de parole devant une classe, conversation entre deux personnes, etc. — pour que les jeunes gagnent en confiance et fluidité dans leur conversation. Cet avatar pourrait même utilisé pour améliorer les relations sociales de l’enfant. « C’est une transition idéale entre les pratiques dans le bureau de l'orthophoniste et les pratiques dans les situations réelles. Le thérapeute anime l'avatar. Il pourra même se métamorphoser en différentes personnes significatives pour le jeune pour que ce dernier pratique avec eux », explique Anne Moïse-Richard, orthophoniste du Centre de réadaptation Marie-Enfant du CHU Sainte-Justine.

Co-chercheurs du projet, les jeunes sont ainsi des guides à chacune des étapes de la conception du dispositif. Cette démarche interactive maximise l’adoption du nouvel outil de réadaptation, mais aussi les amène à vivre une expérience de création scientifique. « La participation au Living lab a aussi présenté des bénéfices sur le plan clinique pour les jeunes. Ils ont gagné en confiance en eux, ce qui a eu un effet sur leur langage », ajoute l’orthophoniste.

Fruit d'une collaboration entre la Société des Arts Technologiques (SAT) et le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, ce projet a réuni pour l’occasion des usagers, des cliniciens, des artistes-développeurs et même des ethnographes. Cet avatar de communication sera utilisé bientôt avec des patients ayant subi un traumatisme craniocérébral, mais pourrait être aussi exploité en psychiatrie, en gestion de la douleur ou en humanisation des soins.

Réadaptation 2.0

À la Place Alexis-Nihon, un centre d’achats couru de l’ouest de Montréal, loge le MALL du laboratoire vivant en réadaptation du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation montréalais (CRIR), qui pour objectif une accessibilité universelle pour les personnes avec divers handicaps. « Un centre d’achats, c’est un lieu de socialisation important. On vise à créer un environnement inclusif pour toutes les personnes avec des déficiences physiques. Leur participation aux projets de nos cliniciens aide une appropriation plus facile de cet environnement de vie », relève Bonnie Swaine, directrice scientifique du CRIR.

Ce Living lab développe plus de 30 projets, comme autant de réponses technologiques aux problèmes de santé, d’autonomie et de bien-être des personnes vivant avec une déficience physique. Ainsi, le « Talking sign », un récepteur individuel parlant interagira avec le système de signalisation du centre commercial et les enseignes des magasins. « Une personne aveugle pourra ainsi se diriger tandis que les boutiques s’annoncent à elle », explique la codirectrice du CRIR.

Pour les personnes voyantes, mais dotées d’une vision faible, des lunettes intelligentes – le système portatif de suivi oculaire Tobii — pourraient repérer sur les murs des indications destinées à faciliter leurs déplacements. Cette initiative se double d’une sensibilisation du grand public aux multiples défis que rencontrent les personnes handicapées : tablettes trop hautes, signalisation inexistante ou mal adaptée, etc. Une approche participative, où sont appelés à travailler ensemble les usagers, les chercheurs et les entreprises privées, en phase avec la réalité de ces personnes « pour que cela ait un impact réel sur leur vie », insiste Bonnie Swaine.

Je donne