Ce n’est pas aussi sûr, expliquent simultanément le New Scientist et la BBC, et c’est peut-être pourquoi de tels entrepôts constitueraient la moins pire des cibles. Il existe des armes faites spécialement pour «attaquer des agents chimiques» sans les disperser —appelées, littéralement, armes de destruction d’agents (agent defeat weapon). Et il existe même un département, au sein du ministère américain de la Défense, l’Agence de réduction des menaces (Defense Threat Reduction Agency).
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L’une de ces armes, CBU-107 pour les intimes, ou Passive Action Weapon disperse plus de 3700 petites tiges de fer ou de tungstene qui, sur un rayon de 60 mètres, ont pour but de percer des trous sur leur cible —la cible étant, dans ce cas-ci, des contenants de gaz sarin. Le gaz sarin a cette particularité, comme la plupart des armes chimiques, d’être plus lourd que l’air, ce qui veut dire qu’il se disperse peu. Au contraire, il se dégrade très vite dès qu’il est exposé au soleil et à l’oxygène.
Mais encore faut-il, précise le New Scientist , que les contenants en question soient dans un entrepôt relativement isolé et non dans une zone à forte densité de population. Parce que le gros problème ici, c’est que «se disperser peu» signifie tout de même dire qu’une partie peut s’échapper et avoir le temps de faire des dégâts, si le vent souffle dans la mauvaise direction.
Les experts militaires semblent encore plus fiers de leur BLU-199B ou CrashPAD capable d’incinérer les armes chimiques: une bombe chargée de 300 kilos de phosphore qui, lors de l’explosion, s’enflamme à plus de 2000 degrés Celsius —une température assurant la combustion de la totalité d’une réserve de gaz sarin. L’agent neurotoxique VX, autre arme que la Syrie aurait en sa possession, brûle quant à lui à «seulement» 1200 degrés.
Mais des contenants qui n’auraient été qu’endommagés, parce que trop loin du point d’impact de la bombe, pourraient là aussi laisser échapper leur contenu.
Ce seraient là les deux armes spécialement conçues pour un tel usage —les détails que fournit le ministère américain de la Défense sur leur disponibilité sont assez maigres. Mais dans tous les cas, c’est donc l’emplacement des cibles en Syrie qui sera déterminant: trop près des populations civiles, voire dans des emplacements souterrains mal déterminés, et une telle attaque perd de sa raison d’être, risquant de devenir un remède pire que le mal. De ce point de vue, moins dangereuse serait une attaque «conventionnelle» sur des usines, des quartiers généraux et peut-être des laboratoires que les services de renseignement savent être associés à la production d’armes toxiques. Mais la capacité de tuer du régime syrien n’en serait pas amoindrie.